3e Congrès PEB : lumière, air et son, parties prenantes de la durabilité

Le 3 octobre dernier, plusieurs centaines de professionnels de la construction se sont rassemblés à BEL Bruxelles pour la 3e édition du Congrès PEB. L’attention se portait cette année sur ce qui intéresse le plus les architectes, les promoteurs immobiliers et les maîtres d’ouvrage en 2019. Ils ont de nombreux centres d’intérêt, comme l'ont montré plusieurs conférences passionnantes. Bien que la conservation de l’énergie devienne lentement mais sûrement une priorité, d’autres aspects jouent également un rôle, comme la création de logements sains et confortables. Comment concilier toutes ces priorités ? Et comment maintenir le tout financièrement abordable ? Les experts de différents domaines ont clarifié les choses lors de ce Congrès.

 

Cette 3e édition du Congrès PEB s'est tenue à BEL Bruxelles, un des plus grands bâtiments passifs d'Europe. Difficile de trouver un lieu plus approprié pour une série de conférences sur la durabilité et la construction de demain.

Réfléchir de façon créative et ‘hors cadre’

Ce n’est pas un hasard si le Congrès PEB a pour devise ‘Think outside the BOX’. The BOX est le nom du partenariat reliant sept entreprises : le spécialiste de la formation SBM et les fabricants-fournisseurs Renson, Unilin, AGC, Sapa, Soudal et Skylux. Filip Van Mieghem, responsable marketing chez Soudal, explique : « Ces partenaires se focalisent surtout sur l'enveloppe du bâtiment. Le bâtiment pouvant être comparé à une grande boîte, nous avons donc uni nos forces sous le nom de ‘The Box’. Mais nous voulions profiter de ce Congrès pour penser de manière créative et originale à propos et en-dehors de cette ‘boîte’. Notre objectif reste bien sûr l'enveloppe du bâtiment, mais lors du Congrès, nous sommes allés au-delà de la pure performance énergétique », poursuit Filip Van Mieghem. « Qu'advient-il de notre confort dans une maison très économe en énergie ? À quoi devons-nous faire attention ? La lumière, l'air et le son sont les thèmes centraux de cette réflexion. »

« Lors du Congrès, nous sommes allés au-delà de la pure performance énergétique. » 

A l'écoute des utilisateurs et des partenaires

Cinq conférenciers passionnants ont souligné chacun un aspect différent de la construction saine et confortable lors de cette journée. Karim Zouaoui, d’ION, a envisagé la construction avec le regard du promoteur et investisseur immobilier. Il explique que l’époque où les promoteurs développaient un projet depuis leur tour d’ivoire est révolue. « Nous devons prendre en compte toutes les parties prenantes : les pouvoirs publics, les utilisateurs, le voisinage et les investisseurs. Nous devons les écouter attentivement dès le début d’un projet. Leurs besoins nous dictent notre façon de faire. C’est ainsi que la durabilité est devenue un thème central de nos activités. »

Bien entendu, les promoteurs immobiliers continuent de se centrer sur la création de valeur. Les investissements doivent être intéressants à long terme. « C’est là notre métier de promoteur : créer de la valeur ajoutée pour l’utilisateur. Dans le même temps, nous devons essayer de sensibiliser l’utilisateur aux nouvelles évolutions afin qu’il nous accompagne dans le projet. Cela signifie également qu’il faut expliquer à l'utilisateur qu’il risque de devoir payer plus pour ces évolutions. »

Le savoir-faire, plus important que des matériaux coûteux

La durabilité, ce n’est plus uniquement l'efficacité énergétique : tel était le fil conducteur de ce Congrès PEB. Aujourd’hui, l’acoustique est également un élément important de la démarche de durabilité. Bart Ingelaere, directeur général-adjoint du CSTC, a fait un exposé très apprécié sur ce qu'il faut faire et ne pas faire pour une acoustique réussie. « L'acoustique n'est pas une question de matériaux très coûteux, mais une question de savoir-faire », a-t-il souligné. De plus, une approche intégrée est nécessaire car l'acoustique est difficile à séparer d'autres aspects, tels que la sécurité incendie.

Selon Bart Ingelaere, l'impact de l'acoustique sur la santé est un élément souvent sous-estimé : «Tant de personnes souffrent quotidiennement d'une mauvaise acoustique. Il suffit de penser aux bruits nocturnes et aux privations de sommeil et aux querelles de voisinage qui en découlent. Beaucoup de ces problèmes sont dûs à des matériaux mal installés et/ou mal choisis. »

Au printemps 2020, de nouvelles exigences de performance et de nouvelles normes en matière d’acoustique seront en vigueur. Bart Ingelaere a évoqué ce sujet plus en détails. Le CSTC mettra à disposition une checklist afin de faire les bons choix. « On n’a pas toujours besoin d’utiliser les matériaux les plus coûteux. Parfois, une solution simple suffit. Mais avec un même produit, on peut tout aussi bien résoudre un problème acoustique que créer le chaos. Tout dépend si on a correctement appliqué les matériaux. »

« L'acoustique n'est pas une question de matériaux très coûteux, mais une question de savoir-faire ».

Mesurer la qualité de l'air

Luc Dedeyne, consultant en énergie et rapporteur PEB, a quant à lui parlé de ventilation, encore une possibilité de confort souvent sous-estimée dans les bâtiments modernes. Il a entre autres évoqué la nouvelle norme de ventilation en cours d’élaboration, qui proposera une nouvelle méthode de calcul. Par exemple, la ventilation se fera en fonction de la qualité de l'air. « C’est la qualité de l’air que nous devons mesurer, et non nous focaliser sur le débit du système de ventilation », explique Luc Dedeyne. Les exigences de plus en plus strictes du PEB et l'émergence d'une construction étanche à l'air ont conduit à un nouveau problème : la surchauffe. « Nous n’avons presque plus besoin d’énergie pour chauffer une habitation. Le climat intérieur devient donc de plus en plus important. La prévention de la surchauffe contribue à une qualité d’air sainte et à la réduction de la consommation d’air », a-t-il expliqué.

« C’est la qualité de l’air que nous devons mesurer, et non nous focaliser sur le débit du système de ventilation »

Bertrand Deroisy, responsable du Laboratoire Lumière du CSTC, a évoqué les critères imposés par la nouvelle norme européenne en matière d'éclairage. Cette norme prend en compte quatre critères : apport de lumière naturelle, la vue sur l'extérieur, durée d'ensoleillement et risque d’éblouissement. Les systèmes de protection solaire ingénieux contribuent à faire entrer davantage de lumière naturelle et augmentent donc le confort de l'utilisateur. La difficulté majeure réside toutefois dans la conciliation d’une lumière naturelle optimale avec les performances énergétiques.

Le mot de la fin a été laissé à Vincent Callebaut, archibiotecte de renom, qui a expliqué sa vision de la ville de demain. Avec son discours révolutionnaire sur la transition écologique dans les villes, avec un fort accent mis sur l’économie urbaine circulaire, Vincent Callebaut a acquis une solide réputation internationale. A la demande de la mairie de Paris, il a conçu huit prototypes de tours résidentielles écologiques pouvant générer de l'électricité. C'est ainsi qu’est né le projet Paris Smart City 2050. Lors du Congrès PEB, Vincent Callebaut a tenu un discours enflammé et passionné au sujet du développement durable, du rôle de la nature dans les villes et de la transition écologique.

 

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