Reinhard Hammerer met beaucoup de soin à concevoir ses projets : « J’ai une approche extrêmement réfléchie et rigoureuse, comme si chaque construction m’appartenait. » Chez lui, la personnalité du maître d’ouvrage joue toujours un rôle essentiel dans la conception, car, comme il aime à le dire, « nous sommes un peu des psychologues ». Souvent, c’est lors de la première visite du site que lui vient l’idée de départ, ce qui a été le cas à Linz.
Reinhold Hammerer qui, enfant déjà, était un passionné de construction, a d’abord fréquenté un lycée technique spécialisé dans les travaux publics avant de s’inscrire en architecture à l’université d’Innsbruck. Ses études au Tyrol et une année passée à Madrid ont marqué la suite de son parcours. « Culturellement, l’Espagne est fascinante. Le pays se trouve dans une autre zone climatique, ce qui a un impact sur la perception des choses. La face nord d’un bâtiment prend par exemple un tout autre sens que chez nous », explique l’architecte qui a ouvert une agence en Suisse, à Aarau, en 2015. En Espagne, il a appris que, dans la construction, l’essentiel n’était pas le matériau, qu’il fallait également prendre en considération « ce qui se trouve entre les murs, la lumière et l’espace », poursuit-il.
Le résultat d'un processus
Son travail de fin d’études a été un moment charnière de sa formation. Le premier concept remis à son professeur lui a été rendu accompagné de la remarque suivante : « Sais-tu comment Volkswagen conçoit ses voitures ? » Reinhold Hammerer a donc commencé à faire des recherches, à se documenter et à analyser les moteurs de la création. C’est uniquement après avoir étudié la question en détail qu’il a élaboré et présenté son nouveau concept. « Une fois que j’ai réuni toutes les informations disponibles, j’obtiens le bâtiment, souligne l’architecte. Le résultat final, la maison, est tout un processus. »
Qualité, esthétique et esprit pratique
Sa région, le Vorarlberg, est connue pour oser une architecture hors du commun. Mais pour quelle raison cette province occupe-t-elle une place particulière dans le paysage architectural autrichien ? Reinhard Hammerer l’explique ainsi : « D’une part, l’artisanat joue un rôle essentiel au Vorarlberg où nous avons un grand nombre d’excellents artisans, d’autre part, dans les années 80, une école voralbergeoise s’est développée en opposition à l’école viennoise. » L’architecte souligne que très souvent dans cette région, on préfère accorder davantage d’importance à la qualité, à l’esthétique et à l’aspect pratique plutôt que de mettre en avant l’originalité du design. C’est pour lui ce qui fait le charme spécifique et le style incomparable de cette architecture.
Pour cette maison de Linz, l'architecte reconnaît avoir tout de suite su ce qu'il voulait faire. « L’important était ensuite de se tenir scrupuleusement au concept d’origine. » Pour la concrétisation, il a travaillé en intense collaboration avec le maître d’ouvrage. « De nombreux paramètres sont décisifs : le site notamment et les futurs résidents. Comme dans un bon scénario, chaque projet doit créer des moments de surprise, raconter une histoire, laisser des souvenirs et il faut évidemment que les rôles soient bien répartis », nous explique Reinhard Hammerer. À Linz, au cœur de la nature, il a créé pour son client un havre de paix pour deux personnes en tenant compte de l’environnement et en intégrant ce dernier dans son concept, avec d’une part des espaces ouverts sur l’extérieur, qui donnent sur les vieux arbres alentour, et d’autre part beaucoup de bois.
La façade Toblerone
Le bois est l’élément qui domine au cœur de cette maison individuelle. Toutefois, pour la façade, le choix s’est porté sur les profils triangle de PREFA afin de créer un contraste. Le brun chocolat est en parfaite harmonie avec le style de la maison et se fond idéalement dans le paysage. « Les maîtres d’ouvrage l’ont baptisée la façade 'Toblerone', en référence au chocolat suisse éponyme », raconte l’architecte Reinhold Hammerer. Lorsqu’il contemple son œuvre, il trouve le résultat d’une « grande clarté ». « Cette maison nous accueille à bras ouverts, nous montre la voie, s’explique d’elle-même », précise-t-il. Le toit de ce refuge linzois a été réalisé en Prefalz couleur P.10 anthracite. L’architecte a opté pour une toiture de forme traditionnelle, à deux versants : « Le toit à deux versants reste intemporel et il est pour moi tout à fait dans l’air du temps. »