On tend aujourd’hui à réduire de plus en plus les émissions des gaz à effet de serre et à utiliser des ressources renouvelables locales. Il est dès lors justifié que l’on cherche à développer et optimiser des matériaux de construction biosourcés (c’est-à-dire d’origine végétale ou animale). De nombreuses équipes mènent depuis quelques années des actions de recherche et de développement dans ce domaine. Le CSTC s’est, quant à lui, consacré notamment aux matériaux à base de chanvre dans le cadre du projet BCC-BAT. Cet article du CSTC aborde les applications de ce matériau dans le secteur de la construction.
Le chanvre est une plante à croissance rapide offrant des applications dans divers domaines. Tant la partie externe de la tige, constituée de fibres, que sa partie interne, appelée chènevotte, peuvent être utilisées pour la confection de produits de construction (voir tableau).
Les fibres servent à la fabrication de matelas d’isolation thermique, principalement utilisés comme matériau isolant dans les ossatures en bois des murs, dans les planchers et les toitures.
La chènevotte peut être utilisée tout d’abord comme matériau d’isolation en vrac. Son application principale est l’isolation entre les poutres de plancher.
Elle est caractérisée par la taille de ses granulats (généralement comprise entre 10 et 30 mm), sa masse volumique en vrac et ses propriétés hygrothermiques (conductivité thermique, absorption d’humidité). La chènevotte est constituée d’un ensemble de canaux capillaires parallèles engendrant une forte absorption de l’eau (de l’ordre de 4 à 6 fois sa masse). En outre, son hygroscopicité élevée entraîne une capacité d’échange d’humidité avec l’air ambiant grâce aux phénomènes de sorption/désorption (augmentation de la teneur en eau d’un matériau poreux par fixation de la vapeur d’eau contenue dans l’air ambiant et inversement).
La chènevotte peut également être utilisée comme granulat végétal pour des produits confectionnés à l’aide de liants adaptés. Selon l’application visée, différentes propriétés seront recherchées, ce qui influence le dosage en liants, la masse volumique et la conductivité thermique du produit. On utilise des liants préfabriqués ou des compositions réalisées sur la base d’ouvrages de référence ou de l’expérience propre de l’exécutant, mais on privilégiera toujours les recommandations du fabricant du matériau pour l’application visée.
La forte capillarité de la chènevotte influence fortement la gâchée ainsi que les propriétés du produit à l’état frais ou durci. En effet, elle ne peut pas concurrencer les besoins en eau d’un liant hydraulique sous peine de brûlage de ce liant. On s’affranchit de cette difficulté en utilisant de la chaux, qui est reconnue pour une meilleure rétention d’eau, et/ou en ajoutant un liant à prise aérienne (chaux hydratée) et/ou en adaptant la succession des opérations de mélange (préhumidification des granulats, par exemple).
L’enduisage des murs (voir Les Dossiers du CSTC 2010/2.9) peut être réalisé au moyen de mélanges dont le dosage sera, de préférence, plus élevé en liants, afin d’obtenir une consistance fluide adéquate (onctuosité), au détriment toutefois des performances thermiques. Un granulat de chanvre plus fin contribuera également à une meilleure onctuosité ainsi qu’à un fini moins grossier.
Les bétons de chanvre sont utilisés principalement pour le remplissage des ossatures en bois ou pour réaliser un contre-mur. Ils sont également utilisés pour isoler les toitures et les sols. Ces bétons sont mis en œuvre par déversement, par banchage, voire par projection. On privilégie en général un mélange peu fluide au dosage faible ou moyen en liants pour optimiser la pose (compactage aisé, décoffrage rapide…) et, surtout, la résistance thermique. On veillera toutefois à ce que le matériau maintienne un caractère cohésif. En fonction des volumes mis en œuvre, de la teneur initiale en eau du mélange et des conditions ambiantes, il convient de tenir compte d’une durée de ‘séchage’ non négligeable (de l’ordre de plusieurs mois).
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