Le marché autour de l’attribution du foncier du site de l’ancien Institut de la Construction, des Arts Décoratifs et de l’Infographie (I.C.A.D.I.) pour en faire du logement avance à bon train à Liège. Désormais, ils ne sont plus que cinq en lice. Et je mets ma main à couper que le groupe Uhoda emportera la timbale.
J'ai appris que les choses avancent bien autour de l'attribution du foncier du site I.C.A.D.I. à Liège (sujet abordé par Architectura en août dernier). Parmi les cinq candidats en lice, deux locaux : à ma gauche, le groupe Moury, situé à Ans ; à ma droite, le groupe Uhoda, installé à Liège. La particularité de ce dernier groupe connu pour ses carwash, ses supérettes qualitatives et sa station-service du centre de Liège, c'est qu'après quelques faux pas (dans les années '90 avec l'affaire des horodateurs liégeois qui avait permis de financer les campagnes électorales de quelques-uns), ce groupe a bien rebondi, en exploitant habilement le filon de ce que l'on appelle le "soft power". Désormais, ce n'est plus avec des valises pleines de billets que l’on séduit les décideurs, mais avec une approche subtile reposant notamment sur le mécénat. Et dans ce registre, force est de constater qu’Uhoda ne s’économise pas : soutien au théâtre de Liège, expos, acquisitions d'œuvres d'artistes locaux, etc.. Dernier beau geste posé par le groupe : le soutien par Uhoda de l'installation de l'artiste français Daniel Buren sur la gare de Liège-Guillemins, pile-poil en face du site de l’Institut de la Construction, des Arts Décoratifs et de l’Infographie tant convoité par les promoteurs...
Lors du vernissage de l’installation à la gare des Guillemins, tout le beau monde de Liège était là pour s’extasier (à juste titre) sous l’installation de Daniel Buren. L’occasion pour Uhoda, sans doute, de soigner ses relations avec l’élite liégeoise. Si j’y vois quelque chose de gênant ? Non, pas du tout. D’abord parce que le patron du groupe Uhoda n'a jamais fait secret du caractère "intéressé" du soutien apporté à l'art à Liège. "Être commerçant, ou homme d’affaires, c’est quand même avoir l’obligation de dire qu’on gagne plus que ce qu’on dépense. Autrement, on ne sait pas faire (...) du mécénat" confiait-il encore en novembre dernier dans une interview. Une belle évolution donc, qui a converti l’art des puissants en puissance de l'art. Dernier coup de génie d’Uhoda: l’annonce au MIPIM de son association avec la danoise Dorte Mandrup, architecte de renom qui s’est maintes fois illustrée dans le durable, l’épure et les milieux fragiles.
Doublement bien joué, donc. Si j'étais à la place des quatre autres soumissionnaires, je m'empresserais d'emprunter "L'art pour les nuls" et “L’art de la guerre” de Sun Tzu à la bibliothèque du coin.