Archi-militant : Comme un malaise chez Delhaize

Un bâtiment conçu par un architecte dans un esprit empreint de modernité et d’humanisme comme celui de la Plantin-Moretuslei à Anvers peut-il effacer la noirceur de son commanditaire ? J’en doute, surtout lorsque j’observe le CEO de Delhaize Xavier Piesvaux.

Ce matin, en lisant l’archive d’un article sur la construction à Anvers du Delhaize le plus moderne de Belgique complété par des logements, j’ai avalé mon café de travers. Comment un groupe aussi belge et aussi proche des familles pourrait-il désormais s'enorgueillir de faire travailler ses collaborateurs dans un endroit agréable, moderne et lumineux alors que son management tient à l’égard de ceux-ci un discours empreint de morgue ? Je veux ici parler en particulier du CEO du groupe Xavier Piesvaux qui disait à l’époque voir dans ce bâtiment situé entre Borgerhout et l’hyper-centre d’Anvers le modèle des “Delhaize de demain”, avec lequel le groupe entend contribuer “à la création d’un environnement meilleur” et avec lequel le distributeur entendait “donner l’exemple”.

Mais l’exemple de quoi ? D’une intégration urbaine réussie ? D’un design architectural élégant ? D’une mixité commerce-logement bien balancée ? Tout cela me semble très beau et très gentil, mais rétrospectivement, on se dit que le CEO aurait dû la mettre en sourdine à l’époque. Nul doute d’ailleurs que ce discours tenu à l’époque risque de refaire surface et de faire tâche. Le CEO Piesvaux aura sans doute du reste l’occasion de s’en expliquer, car l’inauguration du chantier finalisé dans son ensemble doit seulement avoir lieu. À moins qu’il ne décide de faire profil bas en se fondant derrière les têtes de gondole de son nouveau point de vente idéal.

Ceci étant dit, doit-on souhaiter qu’un cataclysme s’abatte sur ce bâtiment modèle pour effacer l’affront fait aux gens qui vont y travailler ? Je n’en suis pas sûr, car aussi cynique soit-elle, à défaut de maintenir des perspectives d’emploi décentes, la direction donnera au moins un cadre de travail agréable à ses salariés. C’est toujours ça de pris. Et puis, pas la peine d’infliger à l’architecte la peine d’avoir été chargé de penser un bâtiment du futur pour des salariés que son commanditaire ne prend pas la peine de respecter. Bref, bravo à l’architecte. Et zéro pointé à vous, Monsieur Piesvaux.

Partager cet article:
Nos partenaires