Archi-militant | Eric et ses mocassins à glands

Dans ma tendre enfance, j’ai le souvenir de bons moments passés au parc de Cambron Casteau. Un endroit désuet, marqué par les traces d’une ancienne abbaye fondée au 12ème siècle, avec quelques loges foraines et, si ma mémoire ne me trahit pas, des auto-scooters. C’était il y a longtemps, à une époque où les habitants de Brugelette coulaient encore des jours paisibles dans leur petite commune.

Et puis, patatras, Eric Domb est arrivé de sa commune natale d’Uccle dans ce trou perdu avec ses mocassins à gland (lisez avec ses gros sabots), et il y a investi des mille et des cents, en y injectant des animaux et des plantes venus des quatre coins de la planète pour les sauver d’une mort certaine… Petit à petit, son parc est devenu une sorte de planète bleue en miniature, avec ses différents mondes: la Dernière Frontière, inspiré du Canada et de l’Alaska; le Royaume du Milieu inspiré de la Chine traditionnelle; la Terre du Froid, inspirée de l’Arctique et de la Sibérie; la Terre des Origines inspirée de l’Afrique; le Royaume de Ganesha inspiré de l’Indonésie et de l’Inde; le Continent Australien inspiré de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande; le Cap inspiré de l’Afrique du Sud; le Monde des Vikings, inspiré des pays nordiques et scandinaves; et fin (pour l'instant du moins), le monde de la Porte du Ciel inspiré de l'Europe chrétienne et médiévale.

On imagine bien que Domb a encore pas mal d’idées de très bon goût en tête qu’il va pouvoir réaliser en déployant moults décors en carton pâte. Et on imagine tout aussi bien que les riverains sont pendus à ses lèvres avant de savoir à quelle sauce leur environnement va être mangé. De fait, récemment, un nouvel épisode de cette saga naturaliste a vu le jour. Elle concerne cette fois une énormissime serre jouxtant la rue, et pour laquelle un chantier préparatoire a été engagé avant même que les permis ne soient octroyés. En bon universaliste et défenseur des pandas, des colibris et des bonsaïs qu'il importe à tour de bras en émettant au passage des tonnes de CO2, Eric Domb est assis sur ce qu'il estime être son bon droit. Pendant ce temps, les riverains sont consternés, le bourgmestre de Brugelette ébahi par ce nouveau développement. Quant au fonctionnaire responsable du feu vert, il est aux abonnés absents. Tout juste est-il disposé à "justifier" ce qui semble difficilement justifiable par voie électronique. Inutile de dire que du côté des riverains, on est totalement démonté. Et que l’hypothèse de l’introduction d’un recours au Conseil d’Etat ne fait pas l’ombre d’un doute.

A ce sujet, nous formulons un vœu : que les sorciers du droit opérant au Conseil d'Etat pourront faire la part des choses entre l'intérêt public et l’intérêt particulier d’un homme d’affaires. Et que Domb et tous les nantis de Belgique comprennent enfin qu’on ne peut s'asseoir sur les règles urbanistiques les plus élémentaires comme on importe un loup, un panda ou un colibri.

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