Archi-militant : La méritocratie existe-t-elle chez les architectes?

Sur les ondes de France Inter, j'ai entendu ce matin l'intéressante chronique de la directrice déléguée à la rédaction de L'Express Anne Rosencher. La journaliste s'est exprimée sur le remplacement de plus en plus fréquent de la méritocratie par l'héritocratie, néologisme dont l’actualité toute récente ne nous a jamais donné autant d’illustrations. Oubliez le déterminisme que Zola évoquait à son époque. Ce que l’auteur dénonçait à son époque, c’est quasiment du pipi de chat avec ce que nous vivons aujourd’hui…

Dans sa chronique, disais-je, Rosencher visait donc l'accumulation de richesses et de patrimoine qui a tendance à rester toujours dans les mêmes mains. Effaçant ainsi toute possibilité pour celles et ceux qui ne sont pas élus d'accéder à une place au soleil à la force de leur travail. Que voulez-vous: quand on a l'argent, on a le pouvoir; et quand on a le pouvoir, on écrit les règles du jeu.

C'est un peu ce qu'il est en train de se passer sous nos yeux ébahis dans le contexte de tous les désordres géopolitiques de l’heure. Sur cette planète, quelques personnes prétendent pouvoir mettre un terme à ces désordres en un jour ou en claquement de doigt, désordres qu’il me semble d’ailleurs les avoir vus créer de leurs propres mains. Incroyable, non? Ils sont à la fois le poison et le remède. Il foutent le brol, et prétendent ensuite apporter la solution universelle parce qu’ils ont un nom, et surtout, parce qu’ils jouissent de la fortune des puissants, fortune qu’ils lègueront à leurs proches. N'est-ce pas Messieurs Trump, Musk, Poutine… Je m'arrêterai là, car j'ai déjà frappé sur les doigts de ces intouchables architectes du monde dans une chronique précédente. Et que dans Architectura, on cause davantage aux architectes, vrais ceux-là.

Quoique… Dans cette vaste confrérie des architectes, on peut aussi en trouver qui donnent dans l’héritocratie. Ou plus exactement dans l’exploitation d’une ‘fama’ qui, à dire vrai, ne précède pas toujours leur nom. Je veux parler des architectes vedettes. Ceux qui sont choisis d'office. Parce qu'ils ont un nom, qu'on les vénère, qu'on les porte aux nues… Réputation qu’ils cèdent ensuite à leur cabinet qui porte d’ailleurs souvent leur nom. Souvent, on ne sait plus trop pourquoi ils sont si incontournables, mais à quoi bon se poser la question puisqu’ils ont déjà tout compris. Je me garderai bien de citer des noms. Je suis sûr que ceux qui sont concernés ne seront pas offensés, car ils ne liront pas cette bafouille, trop occupés qu’ils sont à se regarder dans leur miroir. Mais nom d’une pipe, donneurs d’ordres, promoteurs, pouvoirs publics, prenez des risques! Osez jouer la carte de la fraîcheur, de l'innovation, de l'audace. Celle d'architectes qui ont certes encore parfois tout à prouver, mais qui en ont dans le ventre à défaut d’en avoir dans le portefeuille.

 

Partager cet article:
Nos partenaires