Archi-militant | Le SPOTT: un exemple d’amortissement climatique comme je les aime

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Ces derniers temps, vous l’aurez remarqué, malgré l'omniprésence du thème de la circularité, de nombreux bâtiments sont démolis pour être reconstruits en Wallonie. Parfois en mieux, mais souvent en pire et parfois même encore moins fonctionnel que les bâtiments abattus. À quoi bon quand on sait qu'à ces manquements esthétiques et fonctionnels s'ajoute encore le poids des tonnes de CO2 ainsi inutilement émises ? 

 

À l'heure où l'on annonce des dysfonctionnements encore plus graves que pressentis en matière de dérèglement climatique, il y a vraiment de quoi se poser des questions dans le domaine de la construction. Tout le monde ne semble pas avoir pris la mesure des horreurs qui nous guettent. Heureusement, certaines initiatives me confortent dans l'idée que tout le monde n'a pas encore perdu la boule. À Ottignies, celles et ceux qui ont décidé du sort à donner au centre culturel (le SPOTT) font partie de la communauté rassurante, celle des responsables qui gardent la tête sur les épaules (le directeur du SPOTT Etienne Struyf par exemple) et sont capables de prendre les bonnes décisions. En l'espèce, ils ont conservé la structure en béton du centre culturel d’inspiration brutaliste pour la sublimer et l'améliorer sur le plan énergétique plutôt que de la détruire avant de la reconstruire.

À la clef ? Outre les économies permises avec les améliorations notables apportées au niveau énergétique, l'opération aura permis de préserver ce que j'estime à environ 4.000 m³ de béton. Soit dix mille tonnes de béton. Oui, vous avez bien lu : 10.000 tonnes… Cela vous parait peu ? Faisons une petite conversion : à 300 kilos de CO2 émis par tonne de béton, la structure en béton de ce bâtiment représente l'équivalent de 2.500 à 3.500 tonnes de CO2. Cela ne vous parle toujours pas ? Envisageons les choses de manière plus concrète : 2.500 à 3.500 tonnes de CO2, c'est l'équivalent de 470 vols aller-retour Bruxelles-New-York ; c'est aussi 1 million de kilomètres en voiture ; c'est enfin aussi l'équivalent de l'empreinte carbone de quelque 320 Belges pendant une année.

À ceux d'entre vous qui trouveraient ces chiffres encore trop peu significatifs, j'ajouterais que chaque commune belge importante compte son centre culturel et son poids (plus ou moins important) de béton. J’ajouterais aussi qu’outre le béton, d’autres matériaux émettent, eux aussi, beaucoup de CO2. Une tonne de verre produite émet ainsi pratiquement une tonne de CO2. Vous me direz que le remplacement d’anciens vitrages par de nouveaux permet à terme de diminuer les déperditions thermiques. C’est sûr, à condition que ce bâtiment dure au moins assez longtemps avant d’être à son tour démoli. Car sinon, comment justifier le placement d’un triple vitrage que l’on casse alors qu’il n’a pas encore compensé le kilo de CO2 nécessaires à sa fabrication ? La morale de cette histoire, c’est qu’il faut toujours penser un bâtiment en termes d’amortissement. Amortissement financier, mais aussi amortissement climatique. 

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