Il y a quelque temps, dans cette rubrique, je m'étais épanché sur les conséquences dommageables liées à l'annonce du départ brutal de la Commission européenne du quartier européen avec toutes les conséquences délétères produites sur le tissu économique local. À cette occasion, j'avais eu l'occasion de dire toutes mes inquiétudes face à Pascal Smet et Olivier Willocx, alors respectivement secrétaire d'Etat à l'Urbanisme en région de Bruxelles-Capitale) et président de la Chambre de Commerce de Bruxelles à l'occasion d'un débat sur les antennes de BX1.
Depuis, j'ai eu mes apaisements. Les pouvoirs publics ont saisi la balle au bond, et ont décidé de profiter de ce lâchage de l'Europe pour remettre un peu d'équilibre dans ce quartier qui ne se caractérisait certes pas par sa diversité. On se souvient que l’État belge s'est porté acquéreur de 23 immeubles de bureaux bruxellois à la Commission européenne par l’intermédiaire de la Société Fédérale de Participations et d’Investissement (SFPIM). On se souvient aussi de la constitution du fonds belge Cityforward par cette même SFPIM en tandem avec Ethias avec l'objectif de convertir 21 de ces 23 immeubles du quartier européen. Au total, l'opération a porté sur une faramineuse surface de 300.000 mètres carrés, dont un quart affecté à du logement.
Dans un quartier où l'on ne croisait pas un chat brusseleir une fois la nuit tombée, la chose m'est apparue comme une bonne nouvelle. Donc, trèèès bien… Voici que j'apprends ce jour qu'Home Invest débourse 50 millions d'euros en guise d'acompte pour la partie résidentielle du projet. Avec le projet d'acquérir la pleine propriété de ces biens après obtention des permis de construire définitifs. Sur le papier, c'est de nouveau trèèès bien : en mettant la main au portefeuille, cette société cotée en bourse va pouvoir créer pas moins de 800 logements dans une zone gravement marquée par la mono-fonctionnalité. Et lorsqu'on découvre l'engagement de Preben Bruggeman, CEO d'Home Invest Belgium, à faire de ce projet quelque chose qui contribuera à l’amélioration de la qualité de vie dans le quartier européen, quoi de plus naturel que de le croire sur parole ?
Sauf qu'en billeteur tourmenté que je suis et jamais assez sûr de ce que je découvre à gauche et à droite, je me précipite sur les avis Google. Là, je découvre une note de 3,3 sur 5. Pas mal du tout pour un promoteur qui opère sur le marché difficile du résidentiel à Bruxelles ! Sauf qu'en continuant à céder à cette envie maniaque de tout contrôler, je parcours les avis. Et là, patatras : je constate rapidement que la fiche de l'entreprise a purement et simplement été purgée des nombreux avis négatifs déposés par les occupants des logements sous gestion d'Home Invest, notamment ceux qui résident à Woluwe-Saint-Lambert. Pire : la purge a visiblement été effectuée récemment. A l’avant-veille de la signature de ce contrat avec Cityforward? À voir les dates des réactions furibardes des commentateurs de la fiche, le doute est permis…
La morale de cette histoire, c'est que personne n'est parfait. Et le reconnaître est déjà le signe rassurant que l’on assume ses erreurs. En revanche, les cacher produit l'effet contraire, surtout dans le chef d'une société cotée en bourse qui est -je tiens tout de même à le rappeler ici-légalement tenue de rendre compte de toute une série d'éléments. À cet égard, l'effacement récent de la fiche Google de la société n'a sans doute pas été l'idée du siècle des chargés de com d'Home Invest. D'autant que sortis par la porte, les avis négatifs effacés reviennent toujours très vite par la fenêtre…