Balk van Beel : plus que la somme de ses parties

L'ancienne zone industrielle de Vaartkom à Louvain (Belgique) a été mise en valeur de façon surprenante par Jo Vandebergh (CEO d'Ertzberg). Ertzberg a développé, avec les bureaux Stéphane Beel Architects et Xaveer de Geyter Architecten, le plan directeur pour cette zone désolée située aux abords du centre-ville. Le nouveau quartier urbain ambitieux et dynamique rebaptisé Tweewaters, avec le spectaculaire édifice Balk van Beel qui attire tous les regards (y compris à l'échelle internationale), a été proposé comme projet de démonstration européen. Et ce n'est pas un hasard.

 

 

Une approche holistique

Jo Vandebergh: « Après l'achat des anciennes zones industrielles d'INBEV à Louvain, je n'ai pas pu m'empêcher de mettre immédiatement noir sur blanc ma vision pour ce nouveau quartier de la ville. Cette vision que j'ai couchée sur papier repose sur la croyance que toutes les facettes de notre vie, comme l'espace, les déchets, l'eau, l'énergie, l'utilisation des matériaux, les services et la consommation, sont intrinsèquement liées les unes aux autres. Elles déterminent notre façon de vivre, de nous loger et ont un impact sur notre empreinte écologique. Ce constat, pour moi, est essentiel. Il faut tenir compte de cette cohésion. Il faut apprendre à la gérer. Mais je ne suis pas naïf ! Je sais que les gens ne vont pas adopter un mode de vie durable du jour au lendemain. La peur - nourrie par l'inconnu - de perdre son confort de vie est encore trop grande. C'est là le défi que nous devons relever. Car pour préserver et même améliorer ce confort de manière durable, un changement de mentalité va être nécessaire. Enfin. Cette vision a également débouché sur la rédaction d'une feuille de route, la bible qui a stimulé toute l'équipe assignée au projet pour faire son maximum afin de mettre en pratique cette approche holistique. Mosa nous a aidés à ce niveau. La société néerlandaise était déjà passée par là pour mettre en place ses propres processus opérationnels. Une fois le chemin studieusement préparé, Mosa a décroché une certification Cradle to Cradle® pour l'ensemble de ses produits en céramique. Sans perdre de vue l'aspect esthétique ! Et ce n'est pas tout. La dimension sociale est également entrée en ligne de compte. Saviez-vous que les chutes de carreaux Mosa étaient ramassées sur notre site par des personnes qui ont des difficultés à rentrer sur le marché du travail ? Ces personnes ont pu trouver un travail grâce à l'entreprise sociale Levanto. Et les résultats sont là. Toutes les chutes ont été renvoyées à Maastricht pour produire de nouveaux carreaux. C'est exactement ce type de durabilité, au sens large du terme, que nous recherchons. L'holisme dans sa forme la plus pure. »

« Je referais la même chose !»

Jo Vandebergh continue : « Le défi que nous devions relever était énorme à l'époque. Nous avions établi un plan fantastique mais en 2009, aucune grande banque n'était prête à financer notre projet. Nous nous heurtions au scepticisme des banquiers face à nos principes de durabilité forts combinés à une augmentation du confort de vie et une architecture de haute qualité. La crise n'a d'ailleurs pas aidé la confiance. Notre plan était trop ambitieux pour les banquiers. Nous avons donc décidé de nous lancer sur nos propres fonds. J'étais convaincu que nous disposions d'un produit spécial et que les gens allaient finir par privilégier, en cette période de crise, des produits durables qui résistent à l'épreuve du temps. Des produits qui valent la peine d'investir. Et c'est précisément ce qu'il s'est passé. Au plus fort de la crise, quand la population ne faisait plus confiance aux banques, nous continuions à attirer des clients. L'attitude encourageante des autorités locales nous a également aidés. Ils ont encouragé nos ambitions élevées. Ajoutons à cela la persévérance de notre équipe et nous disposions de tous les ingrédients pour réussir. Mais il faut oser regarder devant soi. Oser en faire toujours plus. Et dépasser les cadres légaux. Ce projet est une réussite à tous points de vue. Y compris financière. Mais plus important encore, le 'retour sur investissement' social. Nous sommes uniques en la matière. En partie parce que nous n'avons jamais abandonné nos principes de durabilité. »

La durabilité est polymorphe

Tom Debaere, architecte chez Stéphane Beel : « Notre approche correspond à celle de la société Ertzberg. Nous pensons que l'architecte doit repousser les limites. Offrir plus que ce que le client attend et ainsi le surprendre agréablement. Et bien que la durabilité entre dans l'âge adulte, de nombreuses applications sont encore relativement limitées. C'est encore un mot à la mode. Un concept fourre-tout. Et c'est ce qui en fait la duplicité. Pour nous, la durabilité est un tout. C'est un concept holistique, comme aime le dire Vandebergh. Nous avons donc la tâche de travailler de façon intégrée, de ne laisser aucune question sans réponse et d'englober toutes les disciplines. Qu'il s'agisse d'éléments très pratiques ou de considérations spatiales spécifiques. Le projet Tweewaters nous permet de démontrer que toutes ces facettes peuvent être liées: construction écologique, attention pour l'énergie et l'acoustique, lumière du jour, circulation et intégration dans l'environnement. La durabilité évoque pour tous l'idée d'une bonne isolation. Le gouvernement fait également énormément d'efforts pour alimenter ce mythe énergétique. Mais ça va plus loin. Le design - et c'est là l'important - doit déboucher sur l'utilisation d'un bâtiment. C'est leur caractère permanent qui fait la durabilité des bâtiments. Y compris quand de nouveaux développements font leur apparition. »

Un minimum d'effort, un maximum de rendement

Tom Debaere poursuit : « Le secteur de la construction relève toujours de l'arbitraire et il n'évolue que très moyennement. Aujourd'hui encore, on continue d'empiler des pierres les unes sur les autres. Mais en nous appuyant sur les exigences en vigueur en matière de durabilité, nous avons conçu le projet Balk van Beel de manière à ce que l'édifice puisse assurer par la suite une nouvelle fonction si le besoin s'en faisait sentir. Rien n'aura à être démoli. La force du bâtiment réside dans son adaptabilité. Il conserve ainsi sa valeur. Pas seulement le bâtiment d'ailleurs. Le projet Balk structure et stimule également son environnement. Tel un porte-manteau sur lequel vous pouvez accrocher une multitude de choses. Le bâtiment ajoute de la qualité au site. Par ailleurs, nous voulions que le design et les fonctions de l'édifice soient le principal moteur du confort de vie des utilisateurs. Que ces derniers adoptent consciemment ou inconsciemment un mode de vie durable. »

Jo Vandebergh : « Laissez-moi prendre un exemple. Chaque appartement est équipé d'une armoire de livraison dans le hall d'entrée. Les fournisseurs peuvent y livrer leur marchandise : du vestimentaire à l'alimentaire. L'armoire réceptionne et signe au nom du résident. Elle est reliée au smartphone ou à la tablette des habitants et signale à ceux-ci que les marchandises sont arrivées et peuvent être retirées. Ce système prend également en charge les retours de marchandises. Cette armoire intelligente contribue donc non seulement au confort de vie des résidents, elle offre également une plus-value écologique. En effet, les livraisons peuvent désormais toujours avoir lieu. Les livreurs ne trouvent jamais plus porte close. La charge de la mobilité et les émissions de CO2 sont ainsi réduites. Nous invitons également régulièrement les habitants à déposer dans l'armoire leurs lampes à économie d'énergie, leurs piles usagées et les vêtements qu'ils ne portent plus. Ces matières premières en devenir sont ensuite ramassées et traitées pour être réutilisées. C'est l'idée de crowdrecycling: un grand groupe de personnes apporte une contribution importante en faisant un effort minimum ».

Mettre la barre plus haut

Tom Debaere : « Nous avons également accordé beaucoup d'attention à la relation entre les espaces publics et privés en transformant les espaces neutres, comme les cages d'escalier et les couloirs, en lieux de rencontre. Pour créer du lien social. Il nous a suffi de réduire la place de l'ascenseur et de souligner l'importance de l'utilisation des escaliers. » Jo Vandebergh : « Mon choix de travailler avec un seul carreau Mosa pour l'ensemble du bâtiment contribue à cela. Une seule et même couleur de carreau, 202 V Core Collection Terra, a été utilisée dans les 15 000 m2 de l'édifice Balk van Beel. Ce carreau Core Collection Terra relie le centre du bâtiment aux espaces communs, extérieurs et privés pour créer un tout uniforme. Les espaces s'en trouvent agrandis et rapprochés. Plus intenses. L'impression de continuité est phénoménale. ».

« Certains des choix qui ont été faits étaient osés, pas toujours évidents. Aussi bien pour l'architecte que pour l'acheteur. Vous savez sans doute que les Belges aiment construire et rénover. Ils ont, comme on dit chez nous, une brique dans le ventre. Les décisions qui sont prises pour eux peuvent les rebuter. Mais la continuité architectonique et le calme qu'apporte ce carreau ont également une fonction sociale. Les projets Balk van Beel et Tweewaters ont permis de prouver que l'utilisateur peut s'accommoder de toutes sortes de cadres et propositions, à condition que le produit final soit de grande qualité et suffisamment spacieux pour satisfaire les besoins individuels. Et qu'il y en ait pour tous les goûts », conclut Tom Debaere.

 

Source: Mosa
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