Il y a peu, un nouveau crématorium, conçu par le bureau d’architecture a2o, a été érigé sur un superbe site à Lommel. La sobriété de l’ensemble, bien adaptée à la fonction du bâtiment, confère un caractère particulier à ce projet. Le processus de construction, en outre, mérite également que l’on s’y attarde. En effet, ce lieu poétique a pu être réalisé de manière très efficace parce que d’emblée, tous les partenaires de construction ont misé sur le BIM. Ce projet a permis de se rendre compte que le BIM aide non seulement à fluidifier le déroulement du processus, mais qu’il s’agit également d’un moyen de développer un projet avec précision. Les architectes du bureau a2o ont mis à profit toutes les possibilités qu’offre le BIM pour créer le bâtiment dans le moindre détail.
Le site où se trouve le crématorium Statie Stuifduin longe le cimetière central de Lommel. Le cimetière existant est un véritable espace vert qui comporte des aires de recueillement, des arbres et des tombes dans des pelouses soigneusement aménagées. Le nouveau crématorium est relié au cimetière mais, dès que le visiteur emprunte l’axe central vers le complexe, il se retrouve dans un autre environnement. Le crématorium apparaît comme une ruine dans un « paysage primitif », où une pinède fait place aux bruyères et aux dunes.
Comme dans d’autres crématoriums modernes, les symboles religieux ne sont pas expressément présents. À Statie Stuifduin, la force universelle de la nature remplace le sacré. Le chemin que parcourent les personnes endeuillées est perçu comme un voyage spirituel. Le sentier coupe à travers le paysage et emmène le visiteur dans un autre univers, loin du monde temporel. Le chemin creux modifie la perspective du spectateur. Le regard vient se poser sur le paysage de dunes ondoyant.
Dans le cadre de l’aménagement du site, le paysage d’origine a été restauré. Les terres riches ont été raclées pour façonner le paysage dunaire, et des terres plus pauvres ont été répandues sur la surface. Des plantes de la région ont été choisies pour l’aménagement, tout comme dans le domaine militaire de Hechtel-Eksel.
Les bâtiments du crématorium s’élèvent du paysage de bruyères et de sable, tranchant sur la pinède en arrière-plan. Plutôt qu’un seul grand bâtiment, le crématorium se compose de trois volumes. Le visiteur est guidé le long de ces trois bâtiments, à savoir successivement l’espace de cérémonie, l’espace de crémation et l’espace de restauration, par une galerie couverte. La galerie embrasse une salle extérieure, que les architectes ont nommée le « campo santo ». (...)
Derrière le parcours austère du crématorium, qui permet de faire ses adieux en toute sérénité, se cache une machine d’efficacité. Le crématorium est prévu pour assurer 500 cérémonies par an et 3000 crémations. Les trois fours fonctionnent presque en continu. La chaleur résiduelle est stockée dans des réservoirs tampons. Depuis l’extérieur, rien ne se remarque pourtant et l’évacuation de la fumée est dissimulée derrière les relevés de toiture. La réalisation de ce lieu poétique s’est déroulée d’une manière extrêmement efficace. Les premières esquisses ont rapidement été converties en modèles informatisés et le bureau a2o a choisi dès le début de concevoir ce projet à l’aide du BIM
Le BIM et la méthode de construction
Les avantages du BIM sont multiples. Le « Building Information Model(ling) » ou encore « Building Information Management » fait référence à la modélisation intelligente en 3D de bâtiments dont les modèles peuvent être échangés facilement entre les différents acteurs. Chaque semaine, les modèles de l’ensemble des partenaires peuvent être comparés pour détecter les éventuels conflits ou incompatibilités. Ainsi, il est par exemple possible de vérifier dans le modèle que les conduites d’aération s’intègrent bien dans la construction et qu’il n’y a pas de colonne devant une porte. De cette manière, les problèmes sont identifiés et résolus avant qu’ils n’apparaissent sur le chantier. De plus, ce modèle des données du bâtiment peut également servir par la suite de dossier « as-built ». Dans le modèle en 3D, des informations sont aussi attachées aux éléments de construction. Aujourd’hui, il est question de BIM 4D lorsque le planning y est ajouté, et même de BIM 5D avec les coûts de construction et de BIM 6D en ajoutant les frais d’exploitation.
Si tous les partenaires de construction travaillent sur un même modèle, l’un de ces partenaires, un entrepreneur par exemple, peut réserver des éléments sur lesquels il reçoit l’autorisation de travailler. L’architecte/le chef de projet peut voir qui est occupé dans quelle zone. Cependant, la plupart du temps, les différents partenaires actifs dans un projet de construction utilisent d’autres programmes de dessin et un format d’échange est nécessaire, le format IFC (« Industry Foundation Classes »). Lors de l’échange, un modèle dépouillé contenant uniquement les informations nécessaires peut être fourni à l’ingénieur en stabilité. Chaque semaine, à un moment fixe, les différents modèles sont comparés avec un vérificateur. À l’aide du BCF (« Building Collaboration Format »), les problèmes constatés sont communiqués aux partenaires du projet en vue d’une coordination. Dans leur propre logiciel de modélisation, les modélisateurs des partenaires peuvent communiquer avec la plate-forme en ligne BCF (BIM-collab), au moyen d’une série d’ 'add-on'. Sur cette plate-forme, toutes les questions sont mises en commun et suivies par l’architecte et le chef de chantier.
Un avantage indéniable à travailler avec le BIM est la facilité avec laquelle il est possible de consulter les informations depuis le chantier. Alors qu’il fallait auparavant s’encombrer de dossiers remplis de plans, toutes les informations sont désormais accessibles depuis une tablette. La rapidité avec laquelle les informations peuvent être retrouvées joue en la faveur de celui qui les obtient le plus vite, ou comme le disent les architectes : « Le plus rapide a une longueur d’avance dans la discussion ». Ce qui est discuté sur le chantier peut être adapté en temps réel par les modélisateurs BIM. Grâce au BIM, il est possible de travailler en collaboration beaucoup plus directe avec les autres partenaires. Cela améliore donc non seulement la collaboration, mais permet également d’avoir une idée plus précise de la charge de travail des partenaires, favorisant ainsi un plus grand respect mutuel.
Le BIM dans la conception
Outre l’efficacité dans l’échange d’informations et dans la préparation du chantier, le BIM offre également des avantages dans le cadre du processus de conception. Le crématorium a été imaginé telle « une ruine occupée l’espace d’un instant ». Cette idée s’est concrétisée pour devenir un bâtiment dépouillé où le gros œuvre est également la construction finie.
Le bâtiment a été érigé dans une sobriété de construction semblable à celle que l’on retrouverait dans un immeuble industriel. À la différence des constructions utilitaires, toutefois, une grande attention a été portée à la transition entre les différentes parties du complexe, comme les poutres en lamellé sur les colonnes en béton. Ces articulations de la construction ont été mises au point en détail à l’aide du BIM afin que les raccords soient invisibles.
En savoir plus sur ce projet ? Lisez ici l'article complet du Bulletin Ciment de FEBELCEM et découvrez également d'autres photos, plans et visualisations BIM.