Bruno Erpicum : architecture à l’état pur

L'architecte bruxellois Bruno Erpicum fait carrière depuis 30 ans déjà tant en Belgique qu'à l'étranger. Et il le fait avec un certain succès : aujourd'hui, il a à son actif des réalisations dans une quinzaine de pays. Et il suit ainsi la voie tracée par ses pairs, notamment Mies van der Rohe et De Koninck, et il crée une architecture qui est centrée sur l'essentiel.

Expériences à l’étranger

Lorsque Bruno Erpicum est diplômé en 1983 de l'Institut d'architecture Saint-Luc à Bruxelles, Louvain-la-Neuve était en pleine expansion. La ville était l'exemple d'école de l'architecture – à l'époque omniprésente – postmoderne anthropocentrique, qui recourait fréquemment aux finitions soigneusement étudiées pour créer un environnement d'apparence authentique à taille humaine. Cependant, Erpicum portait un intérêt au modernisme pur des années 1920-1940, qui rejetait fermement tout élément décoratif. Il ne se retrouvait par conséquent pas dans la pratique architecturale belge la plus courante et partit à l'étranger à la recherche d'une formule d'architecture simple.

Pendant cinq ans, il a vécu successivement en Afrique du Sud, au Pérou et aux Etats-Unis et a notamment collaboré avec Graaf et Meier. Fort de toutes ces expériences, il est revenu en Belgique en 1988 pour s'établir à Bruxelles, avec François de Montlivault et Marc Timmermans. Après dix ans de fructueuse collaboration, chacun a ensuite décidé de poursuivre son propre chemin et c'est alors que naquit ce qui devint l'Atelier d’Architecture Bruno Erpicum et Partenaires (AABE) : un bureau comptant quatorze architectes et des réalisations partout en Europe.

 

Architecture pure

Il y a environ trente ans, le jeune Bruno Erpicum quittait la Belgique pour trouver l'ultime candeur de l'architecture, recherche qui l'anime encore toujours aujourd'hui. Le point de départ de cette recherche est l'architecture moderniste du vingtième siècle avec des noms célèbres comme Blomme, Leborgne et Bougeois et avec le pavillon de Barcelone de Mies van der Rohe comme exemple le plus représentatif. Dans leur sillage, Erpicum rejette aussi tout élément décoratif : la beauté d'un bâtiment doit résulter de proportions harmonieuses – et de détails parfaitement exécutés.

Aujourd'hui, nous disposons davantage de connaissances et aussi d'une technologie nettement plus affinée qu'il y a un petit siècle. Les architectes contemporains ont la possibilité de pousser plus loin cette simplification, une opportunité que Bruno Erpicum saisit à pleines mains. Il en résulte une architecture extrêmement épurée, où aucun élément n'est apparent si ce n'est le bâtiment en lui-même.

Cette recherche de perfection exige une attention quasi obsessionnelle pour le moindre détail. De l'enveloppe du bâtiment aux interrupteurs, rien n'échappe à l'attention des architectes d'AABE. Toute intervention, tout ajout est analysé et tout le superflu est définitivement supprimé. Le but est de résoudre tout dans l'architecture.

Dans une habitation créée par Erpicum, le plus anodin des joints au-dessus d'une fenêtre peut dissimuler un éclairage, une ventilation ou des stores. Bien entendu, une bonne préparation est essentielle pour matérialiser de telles finesses et un soin particulier doit être accordé à l'exécution. Tous les collaborateurs se prêtent cependant volontiers à l'exercice et le résultat est à la mesure de leurs efforts.

 

Nature et poésie

Pour Bruno Erpicum, la nature prime sur ses bâtiments. Ceux-ci sont ainsi souvent disposés isolément dans un environnement qui s'étend jusqu'au bâtiment et parfois même le traverse de toutes parts. Au final, les travaux de construction doivent être en parfaite harmonie avec l'environnement et laisser s'exprimer la particularité du terrain.

La nature est également le moyen par excellence pour mettre de la poésie dans une habitation. Même si l'architecture est totalement épurée, cela ne veut pas dire qu'elle soit strictement fonctionnelle. Il subsiste toujours un espace pour rêver. Lumière et texture sont ici des éléments essentiels : en jouant avec celles-ci, l'architecte peut conférer à un espace une certaine atmosphère et ainsi lui donner vie. Les habitations d'Erpicum comportent par conséquent des pièces d'eau, des patios, des fenêtres à des endroits improbables : à chaque fois, des solutions variées et étonnantes pour apporter de la lumière à l'intérieur. Dans une de ses habitations, Bruno Erpicum a par exemple placé une fenêtre juste au-dessus du sol. Le matin, le soleil brille sur la pièce d'eau à l'extérieur de la fenêtre et crée des reflets sur le mur du living. De cette manière, la maison vit et "s'éveille" en même temps que ses occupants.

 

Projets

La philosophie derrière l'architecture d'Erpicum est toujours la même : la recherche de la simplicité à l'état pur, de l'harmonie avec la nature et d'une architecture pleine d'émotion, s'exprime dans chacun de ses projets. Cela ne signifie pas pour autant que tous ses projets soient d'apparence identique. La signature de l'architecte est évidemment reconnaissable mais il y a autant de bâtiments qu'il n'y a de chantiers.

En fonction de l'effet souhaité, la matérialisation peut être transparente, quasi inexistante, massive et grossière en passant par le blanc et clair – mais toujours savamment pensée.

L'architecte utilise assez souvent l'enduit blanc tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. L'aspect est léger et se prête parfaitement aux raccords épurés et transitions quasi sans joint. Un mur enduit blanc et lisse sert parfaitement “d’écran de projection“ pour les réflexions de lumière et jeu d'ombres, ou de toile de fond pour une vue clairement délimitée sur la nature. Il arrive cependant que l'environnement ait une telle profondeur qu'il appelle une approche plus massive. Pour la transformation d'une villa dans la Corse sauvage – où l'intention exprimée était de mettre l'habitation en harmonie avec son environnement – le bâtiment a été entièrement revêtu de plaques de béton. Plusieurs simulations et tests ont été réalisés pour trouver la bonne couleur et la bonne texture capables de capter la lumière et donner vie au bâtiment.

Nous retrouvons l'extrême inverse dans une villa implantée dans les collines d'Ibiza. La vue depuis l'étage supérieure est tellement magnifique que l'architecte a décidé d'opter pour un style d'architecture capable de magnifier celle-ci. Ce niveau est donc entièrement vitré, si bien que l'habitation semble se fondre dans le paysage. Rien ne vient perturber la vue sur le paysage, pas même une colonne. C'est probablement là que réside l'essence de l'architecture de Bruno Erpicum : une réalité construite qui est à ce point épurée et intégrée dans son environnement que toute l'attention est dirigée sur l'essentiel – la lumière, la nature, la poésie, la vie.

Source: Knauf Revue
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