La Confédération Construction Bruxelles-Capitale soutient le secteur de la construction dans les évolutions réglementaires et les tendances du marché. Lara Pérez Duenas, conseillère en économie circulaire, fait le lien entre le Programme Régional en Économie Circulaire (PREC) et les entreprises de construction. Son rôle dans le projet « Facilitating the circulation of reclaimed building elements in Northwestern Europe (FCRBE) » est le côté communication.
Comment communiquer l’économie circulaire dans le secteur de la construction ?
L’économie circulaire est un concept très large qui parle d’une transformation de l’économie dans son entièreté. Il s’agit de revoir comment nous construisons de façon à optimiser les ressources matérielles, énergétiques et humaines. Il ne s’agit pas uniquement de recycler ou de réemployer un certain nombre d’éléments, mais de concevoir un bâtiment pour qu’il puisse durer ou évoluer avec les besoins de la société. Nous monitorons l’économie circulaire dans le secteur de la construction dans la région de Bruxelles-Capitale. Il n’y a pas encore d’indicateurs bien définis pour cela, mais nous essayons de réduire le nombre de déchets de la construction par exemple. Aujourd’hui, les déchets sont souvent recyclés avec une faible valeur ajoutée. De plus, nous regardons les emplois maintenus ou créés dans le secteur de la construction et comment attirer les travailleurs locaux.
Comment communiquez-vous entre les différents acteurs de la construction ?
Dès le départ, nous essayons de travailler avec tous les acteurs du projet : le maître d’ouvrage, l’architecte, le bureau d’étude, l’entrepreneur, les usagers. Nous utilisons parfois le BIM pour communiquer entre ces acteurs, car nous pensons que c’est le chemin vers un avenir circulaire. L’entrepreneur peut encore apporter des modifications au lieu d’être un simple exécutant. Ceci permet pour le processus d’être beaucoup plus optimisé et efficace. Nous regardons aussi des outils nationaux comme TOTEM ou internationaux comme Level(s). Il est important de regarder comment avoir une méthodologie européenne. Il ne sert à rien de réinventer la roue dans chaque pays. Dans cette optique, des collaborations comme celle du projet FCRBE sont cruciales. Nous sommes partenaires avec des organisations de l’ensemble du secteur, notamment le Centre scientifique et technique de la construction (CSTC). Avec eux, nous organisons des séances d’information et de sensibilisation sur des questions techniques pour partager des idées sur la construction durable. Nous travaillons avec eux sur une guidance technologique qui s’appelle C-tech : cet outil permet à tout professionnel de poser des questions techniques liées à la construction durable et même de recevoir des experts sur chantier. A Bruxelles, nous avons fortement appuyé l’appel à projets Be Circular, qui met en avant des chantiers exemplaires et est une mine d’inspiration pour tout le secteur. Le marché de rénovation de maisons bruxelloises va être énorme dans les années à venir le défi sera d’y incorporer l’économie circulaire.
Qu’est-ce qui fait que la construction circulaire n’est pas encore appliquée à large échelle aujourd’hui ?
Les deux freins principaux sont le coût de la main d’œuvre et l’inertie qui pousse à faire les choses comme d’habitude. Il faut faire le switch de payer l’humain au lieu des matériaux. Cela permet d’investir dans l’humain : payer des formations, créer des emplois. Travailler réellement ensemble n’est pas encore naturel aujourd’hui. Les projets circulaires demandent encore beaucoup de flexibilité et de prise de risque pour tester de nouvelles solutions. Nous pensons que les marchés publics ne devraient plus être attribués seulement au moins cher. Aujourd’hui le réemploi reste très marginal. Le projet FCRBE veut augmenter la visibilité du réemploi pour faire en sorte qu’un pourcentage élevé des matériaux circulent dans la construction.