Docteur Daylight 09/24 | La lumière du jour n'a pas d'échelle !

Comme nous l’avons vu au chapitre 1, il est essentiel de relever le défi de regarder toujours plus loin. Trouver une solution est bien, et en général, elle vient intuitivement, sans trop réfléchir. C'est ce que j'appelle la solution « de l'habitude ». Cependant, il peut exister une solution encore meilleure. Forcez-vous à trouver une option supplémentaire, à envisager les choses sous un angle différent, à trouver une nouvelle solution... et en utilisant le Daylight Visualizer pour comparer avec votre idée initiale, vous pourriez être surpris ! C'est toute la philosophie de la Daylight Academy : chercher le trésor caché. Rien n'est figé : seul vous pouvez l’être ! Vous pouvez mener cette quête de manière conventionnelle ou emprunter des chemins inhabituels. Proposez des idées non conventionnelles pour la toiture : ouvrez les étages, inversez vos principes, déplacez les escaliers et utilisez également la cage d'escalier pour éclairer... Explorez de nouveaux horizons et laissez-vous surprendre en regardant les choses différemment.

Le saviez-vous ? Alors qu'un plafond horizontal classique semble s'enfoncer visuellement à cause de la perspective, en donnant au toit d'une extension une contre-pente du bas vers le haut (vers le jardin), vous obtenez un effet d’optique unique où le plafond semble disparaître lorsque vous vous tenez dans la pièce adjacente et regardez vers l'extérieur. Une légère inclinaison de 5° suffit. L'avantage est double : une longue pièce paraît soudainement beaucoup plus courte car la fenêtre semble plus proche en l’absence du plafond visible. De plus, il y a désormais de la place pour une fenêtre plus haute, permettant à la lumière de pénétrer sans obstacle. Cette modification peut facilement augmenter le facteur de lumière du jour de 1% (environ 150 lux en Belgique) dans la pièce voisine de l'extension. Chaque petit détail compte. L'eau de pluie s'écoule maintenant vers le bâtiment principal, mais vous pouvez la laisser s'écouler sur les côtés de ce dernier, dans la zone de 60 cm des armoires murales souvent présentes : vous créez ainsi une sorte de lucarne sur un toit plat.

"Et si... ?" est la bonne question à se poser si l'on veut explorer des voies inconnues. Être curieux, oublier ses habitudes ou les remettre en question. Ce n'est pas parce qu'on a toujours fait les choses comme ça, qu'il faut continuer à les faire de cette manière. Le contexte de nos maisons a changé. Nos maisons ont été conçues il y a parfois 100 ans dans un contexte très différent. Il n'y avait pas autant de travail à domicile. Les gens n'avaient pas autant de risque de surchauffe. Tout était conçu de manière beaucoup plus pragmatique. La lumière zénithale comportait des dangers (les anciens puits de lumière fuitaient ou étaient mal placés, entrainant condensation, déperdition de chaleur... Des dangers beaucoup plus rares aujourd'hui. Autrefois, les gens disposaient de moins de solutions et de connaissances… Les produits actuels sont performants et développés avec des technologies de pointe. Tout cela change le cours de l’histoire.
Voici quelques solutions pour récupérer la lumière perdue après l'installation d'une extension, par exemple :
Dans l'extension elle-même :
- Plutôt qu’une seule grande ouverture au centre de votre plafond, optez pour deux ou plusieurs ouvertures longues et étroites dans votre toiture à différents endroits, plus flexibles et fonctionnelles.
- Au lieu de placer une ouverture au centre, osez travailler avec la lumière latérale pour illuminer vos murs.
- Envisagez de remplacer le toit plat de votre extension par un toit en pente qui s’élève beaucoup plus haut, permettant ainsi à la lumière de pénétrer plus profondément.
- Voir ci-dessus : la pente ne devrait-elle pas être inversée ?
- Est-il possible de réfléchir la lumière sur un mur de jardin peint en blanc ?
- Peut-être que mon mur d'accent est à l'extérieur ?
- Peut-être que ma fenêtre devrait s'étendre visuellement au-delà de mon (faux) plafond pour créer un effet de volume et de grandeur dans l'espace ?
- Peut-être que mon ouverture dans le toit ne devrait pas être contre le bâtiment principal mais plutôt un peu plus loin pour éviter que le linteau ne devienne un obstacle bloquant la lumière ?

A côté de l'extension
- Puis-je faire rentrer la lumière du jour par un autre endroit ? (via la fenêtre sur le palier ?)
- J'installerai peut-être mon escalier dans l'espace-même plutôt qu'à côté.
- Je pourrais déplacer mes escaliers, créer une mezzanine et utiliser mon extension pour permettre à mes escaliers de monter dans le volume créé ? Bien que la mezzanine réduise la surface au sol, elle libérerait de l’espace à chaque étage, là où se trouvaient les escaliers.
- Et si, au lieu de construire une extension, nous trouvions une solution pour apporter de la lumière du jour et des vues dans tout le sous-sol et le transformer en espace de vie ?
- Peut-être enlever un morceau de faux plafond pour y insérer une fenêtre ?

La lumière du jour n'a pas d'échelle
Une autre façon de penser "out of the box", est de bien se réaliser que :
1) Cette lumière du jour n'a pas d'échelle :
Ce qui fonctionne en petit fonctionne aussi en grand (et vice-versa) ! Prenons un store à lamelles avec des ouvertures de quelques centimètres entre les lattes horizontales. À grande échelle, ces ouvertures peuvent constituer une fenêtre complète. Réduites, elles peuvent être presque invisibles dans la fenêtre. Tout est dans le principe.

2) Ce n'est pas la fenêtre qui compte mais l'ouverture que l'on crée.
Cette question a été soulevée précédemment lors de la correction d'un toit en shed, mal orienté : la création d'une ouverture fictive bien orientée est la solution pour résoudre ce problème typique des sheds. La fenêtre peut continuer à suivre la structure porteuse mal orientée mais cette fenêtre n'a pas d'importance en soi.
On peut appliquer ce principe à d'autres situations, comme la conception d'une lucarne idéale avec un débordement basé sur la position maximale du soleil en Belgique, soit 62°. On crée une "ouverture" bien conçue, garantissant une vue dégagée sans obstacles et sans lumière directe. La fenêtre elle-même n’a pas besoin d’être placée dans l’ouverture créée à 62° mais peut être installée de manière plus pragmatique (raccordement vertical ou dans la pente portante), plus vers l'intérieur. L'emplacement final de la fenêtre importe peu, tant qu'elle n’est pas exposée à la lumière directe.

Utiliser une maquette de votre bâtiment pour compenser la lumière du jour ?
Supposons que vous souhaitiez concevoir une salle de sport bénéficiant de la lumière du jour zénithale. Cela semble logique si l'on peut la contrôler (par exemple, avec le principe du toit en shed). La lumière naturelle gratuite peut ainsi éclairer toute la surface d'une boîte à chaussures profonde. Cependant, il est nécessaire de prévoir un éclairage artificiel pour compenser les moments où la lumière du jour dynamique ne suffirait pas. Appelons cela la compensation de la lumière du jour.
On pourrait envisager de placer des capteurs au sol du gymnase pour allumer les lumières au-dessus en cas de lumière naturelle insuffisante. Mais cela n'existe pas encore, et si vous deviez développer ce système, les lumières s'allumeraient et s'éteindraient constamment au gré des mouvements des joueurs, qui ombrageraient les capteurs. Il existe des caméras capables d'observer un endroit et d'allumer les lumières artificielles en cas de besoin. C'est déjà un pas dans la bonne direction.... mais ne devrions-nous pas penser différemment ? Penser littéralement « Out of the box » ?
Si la lumière du jour ne connaît pas d'échelle, on peut théoriquement placer un modèle réduit de la salle de sport sur le toit de la salle de sport avec des capteurs sur le sol. Tant que les ouvertures dans le toit de la maquette correspondent à la situation et à l'orientation réelle, les capteurs peuvent maintenant contrôler les lampes de la salle de sport :-)

Communauté de la lumière du jour
Ce ne sont que des exemples de nouveaux défis que nous pouvons relever. Il va de soi que tout le monde ne peut pas y consacrer du temps. Mais essayer de penser différemment est à la portée de tous. Plus nous acquérons de connaissances en testant de nouvelles choses et en les partageant les uns avec les autres, plus nous générons de nouvelles perspectives. C'est pourquoi la communauté de la lumière du jour au sein de la Daylight Academy est essentielle : proposer des concepts de lumière du jour, partager les conclusions et les meilleures pratiques avec les autres. C'est la base de l'Académie. Les conseils et astuces du Docteur Daylight constituent déjà un excellent point de départ pour plonger dans la matière. En venant à l'Académie pour une journée, vous aurez accès à toutes les bases bien expliquées, accompagnées de plusieurs études de cas. Il n'y a aucune barrière au partage des connaissances, des conclusions et des idées. La plateforme de partage est en cours de développement et sera bientôt ouverte à tous. En attendant, vous êtes invités à commencer explorer le sujet et à partager vos concepts de lumière du jour entre-temps à l'adresse architects-be@velux.com.