Pour les Hutois, le 7 octobre 2023 fut une journée à marquer d’une pierre blanche car synonyme de fin officielle d’un des nombreux chantiers en cours dans la cité mosane. Là où s’étendait jadis un parking triste au pied d’un centre commercial à la dérive, a été inaugurée après 18 mois de travaux une nouvelle esplanade surplombant la Meuse en offrant de belles vues sur sa rive droite. Ce sont les architectes de Contraste Architecture (aujourd’hui UMAN Architect) à qui la Ville avait confié cette mission, avec comme objectif de redynamiser le site. La rénovation du téléphérique, attribuée aux mêmes architectes, participe de cette même ambition. (Cet article est issu du numéro 5/2023 du magazine Construire la Wallonie)
Financé notamment grâce à des subsides du FEADER et de Liège Europe Métropole, le projet consiste en l’aménagement urbain de l’avenue de Batta, en ce compris le traitement du quai et le cheminement vers le téléphérique de Huy. L’appropriation des espaces par les piétons est favorisée par la création d’un espace végétalisé au niveau du quai de Meuse et d’une esplanade permettant aux activités HoReCa du centre commercial de jouir d’un espace extérieur de plain-pied. Cette esplanade permettra aussi l’accueil de manifestations diverses. Le projet prévoit aussi la création d’un pôle multimodal (articulation entre le chemin de halage et la trame cyclo-piétonne, le téléphérique, la zone TEC, une navette fluviale, une borne « vélos » et un parking voitures) permettant de relier rapidement les points stratégiques de la ville.
Renforcer l’espace public, le tourisme et le commerce
Sébastien Deckmyn, Architecte associé chez UMAN Architect, qui a œuvré avec son collègue Fabrizio Tengattini à la conception du projet : « Nous avions déjà remporté le marché du téléphérique. Pouvoir travailler sur ces deux projets complémentaires a permis de donner une cohérence à l’ensemble. Pour l’esplanade Batta (ndlr : Contraste Architecture était alors associé au bureau DR(EA)2M, qui a réalisé la pré-étude urbanistique), l’idée de base était de supprimer le parking, de créer une entrée digne de ce nom avec rampe PMR et élévateur pour marchandises et de surélever l’esplanade au niveau du centre commercial. En créant ainsi une continuité entre espace privé et espace public, les commerces ont la possibilité de s’ouvrir également vers l’extérieur plutôt qu’uniquement vers la galerie intérieure. Parallèlement, nous avons créé une trémie pour que le passage des véhicules n’entrave pas la vue vers la collégiale et le Fort de Huy, préservant l’image de carte postale chère aux édiles locaux. »
Le Ravel qui longe la Meuse depuis Andenne, qui s’arrêtait au niveau du téléphérique, a par ailleurs été prolongé jusqu’au pont Baudouin, permettant une connexion ultérieure avec la rive droite. Les bateaux de croisière fluviale de grande taille pourront également accoster à hauteur de la nouvelle esplanade. Vélo, bateau, auto, bus … sans oublier le piéton : la multimodalité est à l’honneur.
Sébastien Deckmyn : « Au stade de l’étude, nous avions aussi dessiné la nouvelle vitrine du centre commercial mais, s’agissant d’une multitude d’opérateurs individuels, les mettre tous d’accord n’est pas évident. »
Béton, acier et végétation
L’esplanade a donc été fondée sur micropieux, avec charpente métallique accueillant des prédalles et surfaces en béton désactivé. Afin de créer une dynamique dans les revêtements de sol, des plats métalliques ont été encastrés dans le béton. Toute la voirie a été réalisée en pavés drainants, de même que les espaces de stationnement et arrêts de bus, qui font aussi office d’encoches pour les pompiers pour leurs interventions au niveau des deux tours résidentielles. Une plateforme d’observation pointe vers la Collégiale. Un vaste mobilier urbain (30 bancs en béton, une dizaine de poubelles, un abribus et des racks pour vélos) équipe l’esplanade. Un spectaculaire ouvrage d’art métallique de couleur noire, réalisé par l’entreprise ALT Metallic Solutions, descend vers la Meuse tout en offrant de superbes vues sur la rive droite. Si l’ensemble apparaissait comme très minéral à la date de l’inauguration, c’est parce que les 25 arbres prévus devaient encore être plantés en novembre. 25 luminaires LED de dernière génération éclairent l’ensemble. Un dispositif de vidéosurveillance sera installé courant 2024.
Sébastien Deckmyn a suivi le projet également en phase de réalisation : « Le chantier s’est globalement bien déroulé. L’entrepreneur a proposé une variante, qui a été acceptée, dans le but d’utiliser sur site les terres de terrassement plutôt que de les évacuer. Les machines ont donc foré les pieux en se positionnant sur le remblai, avec une sérieuse économie à la clé. La partie impétrants n’a pas été une sinécure car il a fallu déplacer eau, gaz, fibre optique, … le tout sans disposer d’un plan complet de ce qui se trouvait dans le sol. Tous les impétrants ont été logés dans une tranchée commune, pour plus de facilité d’intervention à l’avenir. Mais le résultat est là, et il mérite bien une visite ! ».