Focus sur l'Artothèque, nouveau musée à Mons (Gigogne-L'Escaut)

Ce mercredi 29 avril, Holcim organisait avec l'UWA une visite de l'Artothèque, combinée à une découverte de l'exposition Van Gogh au BAM. L'occasion pour Architectura de revenir plus en détail sur cet important élément constitutif du pôle muséal montois, dont on doit la conception à l'association momentanée entre les ateliers L'Escaut et Gigogne.

Historique du projet

Depuis avril 2015, la chapelle de l’ancien couvent des Ursulines de Mons, située en face de la collégiale Sainte-Waudru connaît un nouveau souffle. En effet, à moitié détruite durant la seconde guerre mondiale, elle fut d’abord rachetée par un marchand de meubles qui la divisa en 6 niveaux avant que la ville de Mons ne décide de la rénover pour y stocker les collections communales. A ce moment, le bâtiment était proche du délabrement total.

Patrimoine classé et emblématique du XVIIIe siècle, elle est devenue  le lieu de conservation du patrimoine communal montois en servant d’écrin aux oeuvres et aux activités qui les entourent. Elle est ainsi à la fois un centre de réserve, de recherche, de restauration et d’étude du patrimoine en rassemblant en son sein les collections qui ne sont pas exposées de façon permanente dans les autres sites muséaux. Divisée en sept niveaux, l’Artothèque accueille ainsi les collections sur plus de 2200 m². Les ateliers de numérisation, de préparation et de restauration ainsi que les espaces de gestion y sont également établis pour faciliter le travail à proximité des oeuvres.

 

Projet architectural

La chapelle de l’ancien Couvent des Ursulines fut transformée et privée de son espace original intérieur après la Seconde Guerre mondiale.  La présence de planchers en béton, destructrice d’un monument historique, est ici transformée en opportunité. « L’idée de départ, nous explique Catherine Dohmen, architecte du bureau l’Escaut, était de conserver les dalles en béton existantes. Mais cela n’a pas été possible pour diverses raisons. Cette nouvelle donne nous a par contre permis de repartir d’une feuille vierge . »

Une fois la chapelle mise à nu, les architectes ont décidé de placer une structure métallique monumentale permettant de détacher la nouvelle intervention de l’ancienne enveloppe laissée apparente. Les proportions d’origine de la chapelle ainsi que la sensation de hauteur ont ainsi pu être conservées. « Cette structure étant oblique, continue Catherine Dohmen, elle a permis de gagner des mètres carrés, chaque étage étant légèrement plus grand que le précédent. »

La structure métallique a également permis de dégager une « faille » verticale qui vient éclairer l’espace entre l’ancien mur et la nouvelle intervention. C’est également à cet endroit qu’a été installé un escalier très léger qui révèle au visiteur la structure du bâtiment abîmée par l’ancrage des anciens planchers.

Autour de ces  gestes architecturaux, le programme se structure et se subdivise en quatre entités dont une est accessible au public : les salles du rez-de-chaussée et le Centre de documentation au premier étage, les trois autres étant dédiées au personnel scientifique et aux espaces de restauration, de gestion, de logistique et de réserve (sur six niveaux).

Une fois à l’intérieur de la chapelle, le public est accueilli dans le hall par une scénographie qui met en confrontation des technologies numériques de consultation virtuelle et des vitrines contenant des oeuvres réelles. La lumière qui provient de la faille invite le visiteur, dès l’accueil, à découvrir la présence de la nef latérale. Cette faille en dit autant sur l’édifice ancien que sur la fonction nouvelle, révélant autant l’espace originel que la succession des étages fermés, contenant les milliers d’objets dont quelques échantillons sont présentés au rez-de-chaussée.

Le visiteur peut poursuivre le parcours scénographique dans les salles de la nef latérale. Celles-ci contiennent des dispositifs numériques « d’immersion » lui permettant l’exploration virtuelle d’oeuvres numérisées confrontées à la présentation d’oeuvres « réelles », la réalisation de sa propre exposition virtuelle, la découverte des musées de Mons en réseau avec l’Artothèque, etc…

 

Les défis du projet – les bétons livrés

Situé en plein centre-ville, le projet a fait l’objet des difficultés d’accès que l’on imagine aisément.

En outre, le béton utilisé pour réaliser les dalles des différents étages a dû être livré via une pompe introduite au travers des croisillons des vitraux qui ne pouvaient pas être démontés. Des mesures particulières ont dû être prises à ce niveau afin d’éviter tout incident aussi bien pour le chauffeur de la pompe que pour les ouvriers sur chantier.

Outre l’accessibilité du béton sur le chantier, l’un des défis majeurs du béton utilisé en rénovation est son poids qui n’est pas toujours compatible avec les structures portantes existantes. Dans ce cas de figure, étant donné que l’entièreté des dalles a dû être reconstruite, l’entrepreneur a décidé de travailler avec des planchers métalliques collaborants sur lesquels ont ensuite été coulées les dalles de béton. Ces planchers métalliques légers jouent dans ce cas le rôle de coffrage perdu.

530 m3 de béton C30/37 dmax16 ont été livrés pour ce chantier.

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