Gestion maîtrisée de l'amiante, risques et obligations
L’amiante est une matière fibreuse naturelle dotée de nombreuses propriétés très intéressantes; ceci explique la grande diversité d’applications contenant de l’amiante mises en œuvre depuis plus d’un siècle. Différentes études épidémiologiques ont cependant révélé que l’inhalation de fibres libres était à l’origine de nombreuses pathologies souvent lourdes et pour certaines d’entre elles, mortelles. Le dernier numéro de la revue Architrave consacre un dossier à ce sujet.
Les statistiques de ces pathologies relevées par le « Fonds Amiante » indiquent une évolution sensiblement défavorable depuis ces dernières années. Face à ce constat, le cadre législatif a progressivement imposé l’interdiction de mise sur le marché de matériaux contenant de l’amiante (MCA). Les matériaux en place avant l’interdiction ne doivent pas pour autant être systématiquement enlevés. La réglementation actuelle vise, à ce titre, à limiter le risque d’exposition aux fibres d’amiante pour toute personne potentiellement en contact avec ce matériau et en particulier lors de phases de maintenance, de rénovation ou de « désamiantage ».
Qu’est-ce que l’amiante ?
L'amiante est une roche naturelle constituée de minéraux cristallins silicatés. Cette matière était exploitée par extraction dans des mines. On distingue deux familles, classées selon la morphologie de leurs fibres. Le groupe des « amphiboles » regroupe les variétés d’amiante dont les fibres sont de forme rectiligne, semblables à de très fines aiguilles (amosite, crocidolite, actinolite, trémolite, anthophyllite). Le second est le groupe des « serpentines » dont la variété la plus connue est « l’amiante blanc » (chrysotile), utilisée dans plus de 90% des applications contenant de l’amiante (fibres de forme courbée, d’où leur dénomination).
Des milliers d’applications contenant de l’amiante ont été mises en œuvre en raison de son faible coût de production et au regard de ses très nombreuses propriétés intéressantes pour l’isolation thermique, acoustique et électrique, sa résistance mécanique, son caractère incombustible, sa résistance à la corrosion et au développement des micro-organismes, la possibilité de le tisser (fibres de type « serpentines »), ….
L’amiante a donc été très largement utilisé dans le secteur de la construction et de l’industrie.
En quoi l’amiante est-il dangereux ?
Une fibre d'amiante est environ 400 à 2000 fois plus petite qu'un cheveu humain ; elle n'est donc pas décelable à l'œil nu. Sa faible taille (moins de 3 microns de diamètre) et surtout son caractère persistant lui confèrent son caractère dangereux car, une fois inhalée, elle pénètre dans les poumons et les alvéoles pulmonaires. Les fibres persistantes dans les voies respiratoires peuvent alors provoquer des lésions (fibrose pulmonaire dite asbestose) entraînant une insuffisance respiratoire chronique. Mais ces fibres migrent également dans les tissus, notamment vers la plèvre et le péritoine et sont alors susceptibles d’induire des pathologies encore plus graves, cancéreuses ou non, telles que des plaques pleurales ou le mésothéliome (cancer de la plèvre). Ces maladies lourdes peuvent se déclarer parfois entre 20 et 40 ans après l’exposition. L’utilisation massive dans les années 70 et 80 de l’amiante en Belgique a conduit à l’exposition de nombreux travailleurs. De nos jours, les conséquences en sont encore présentes du fait de la longue période d’incubation et, au vu des dates d’interdiction, un pic est estimé dans les années 2025 à 2030.
Le risque principal inhérent à l’amiante est donc l’inhalation de fibres libres dans l’air.
Dès lors, les MCA ont été classés en deux catégories, selon leur capacité à libérer des fibres dans l’air : l’amiante non friable et friable. L’amiante non friable rassemble les applications dans lesquelles l’amiante est fortement lié à un ou des matériaux liants (ex. colle ou ciment). Ces applications sont potentiellement moins susceptibles de libérer des fibres si toutefois elles sont en bon état. Ces applications concernent notamment les produits en amiante-ciment (ou fibro-ciment). La seconde catégorie rassemble les applications dans lesquelles l’amiante est faiblement lié, ayant pour conséquence potentielle un risque de libération de fibres élevé. Ces matériaux présentent donc un risque d’exposition significatif et font logiquement l’objet d’une attention particulière au niveau réglementaire. On y retrouve notamment les produits de flocage (isolant projeté), le calorifugeage de conduites ou parois et les plaques de faible densité de type « Pical ». Pour mettre en évidence toutes ces applications dans un bâtiment, l’avis d’un expert dans le domaine est précieux pour pouvoir disposer d’un diagnostic de qualité.
Quel cadre réglementaire ?
Le cadre législatif relatif à l’amiante est fixé par l’Arrêté Royal du 16 mars 2006 au niveau fédéral. En Région Bruxelles-Capitale, l’arrêté du 10 avril 2008 est d’application dans le cadre de la procédure de demande de permis relatifs à des travaux liés à l’amiante.
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