L’ardoise naturelle, de la carrière à la faîtière

Cupa Pizarras est le plus grand producteur d’ardoises naturelles au monde. Ses carrières sont situées dans le nord-ouest de l’Espagne, aux confins de la Galice et de la Castille-et-León. Que ce soit depuis Porto ou Madrid, il faut plusieurs heures de route pour s’y rendre. Mais le déplacement en vaut la peine. Ce n’est qu’en découvrant comment l’ardoise est produite, depuis la carrière jusqu’à la sortie des ateliers, que l’on mesure la valeur de ce matériau à l’épreuve du temps. Récit d’un pèlerinage éclair au pays de l’ardoise naturelle.

 

Il y a un siècle, on exploitait l’ardoise naturelle dans une quinzaine de carrières wallonnes. A petite échelle, dans des galeries, si bien que cette activité traditionnelle a progressivement cessé, faute de rentabilité. Par contre, la Wallonie a gardé cet attachement à l’ardoise naturelle puisque 60% des débouchés belges de Cupa Pizarras sont wallons, la Flandre et Bruxelles se partageant les 40% restants. En rénovation patrimoniale surtout, mais également en construction neuve. Si les modestes exploitations wallonnes prenaient la forme de galeries, celles de Cupa Pizarras sont à ciel ouvert. Avec 3 confrères et sous la guidance experte d’Erwan Galard, responsable marketing Cupa Pizarras pour la France et le Benelux, j’ai eu la chance de pouvoir retracer sur place le parcours de l’ardoise depuis la carrière jusqu’au produit fini.

 

Un produit d'exportation, encore pour longtemps

Une ardoise sur trois dans le monde est produite par Cupa Pizarras, qui exporte 98% de sa production. Mieux encore, aujourd’hui, deux ardoises sur trois importées en Belgique sont issues de ses carrières espagnoles. Chaque année, Cupa Pizarras produit ainsi 12 000 000 d’ardoises à destination de la Belgique. Chaque jour, ce sont plus de 7 couvertures qui sont réalisées grâce à ce schiste dans notre pays.

Des 16 carrières d’ardoise aujourd’hui en exploitation en Espagne, nous avons visité la plus grande. Sur base de la situation et des connaissances actuelles, Cupa Pizarras estime la réserve encore disponible pour exploitation à environ 120 ans. Les carrières dont l’exploitation est terminée sont remises en état, via des plantations. C’est d’ailleurs une obligation réglementaire.

 

Déplacer des montagnes

À 1300 mètres d'altitude, le soleil avait beau briller, il faisait à peine plus de 3 degrés quand nous avons visité la carrière. Ce qui frappe, c'est la quantité invraisemblable de roches qu'il faut déplacer à plusieurs reprises pour que les engins soient au niveau voulu afin de procéder à l'extraction du schiste. Une fois une falaise mise à nue, un engin perforateur fore une série de trous verticalement dans le schiste pour ensuite faciliter le travail du câble diamanté, qui va littéralement découper de gros blocs (phase que nous n'avons pas pu voir, à cause du gel nocturne). Ceux-ci seront ensuite évacués par camion directement vers les ateliers. Durant tout le processus d’extraction et de transformation, l’eau est utilisée pour maintenir la pierre à des niveaux constants de température et d’hygrométrie. L’eau est recyclée puis épurée, en circuit fermé, pour éviter tout gaspillage.

 

Clivage manuel

Dans les 22 ateliers de transformation, le schiste extrait est transformé en suivant trois grandes phases. Les blocs extraits sont d'abord sciés en répartons, qui sont des sous-blocs de différents formats, en fonction des dimensions d’ardoise à produire. Ensuite, des maître-fendeurs procèdent à l’exfoliation de ces répartons, de manière entièrement artisanale. C'est la phase la plus étonnante du processus ! Le savoir-faire de ces travailleurs est unique, Leur travail manuel semble relever d'une autre époque. Cupa Pizarras, qui appartient depuis 2016 à la société d'investissement Carlyle, teste cependant le clivage mécanique pour certaines modèles et épaisseurs d'ardoises. La raison est non seulement de gagner en productivité mais surtout de pouvoir faire face à la difficulté de recruter des maîtres-fendeurs. Enfin, les chants de chaque pièce sont épaufrés afin de faciliter l’écoulement de l’eau au bord des ardoises disposées en couverture.

 

Traçabilité

Il existe de nombreux modèles d'ardoises en fonction des différents marchés. Ainsi en Allemagne et au Grand-Duché de Luxembourg, c'est le modèle "Schuppen" que l'on retrouve les toits. En Espagne, l'ardoise est plutôt travaillée en ogive. Il existe même un modèle typiquement flamand, donc les coins supérieurs sont coupés. Sur le parc de stockage de Cupa Pizzaras, 40 000 palettes attendent d'être expédiées partout dans le monde. Erwan Galard : « Nous sommes les seuls producteurs dans le secteur à travailler avec un code-barre unique permettant une traçabilité jusqu’à la carrière. Pour le client final, il s'agit d'un gros atout en cas de problème. C'est notre engagement sur la qualité de nos produits.»

Dans un article suivant, nous traiterons des avantages de ce matériau naturel en de quelques-uns des nombreux projets de référence de Cupa Pizarras en Belgique.

 

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