Rénovation, efficacité énergétique, circularité… voici quelques-uns des thèmes qui seront abordés lors de Futurebuild Belgium, qui se déroulera les 5 et 6 février prochains à Brussels Expo. À l'occasion du salon, nous avons réuni Caroline Deiteren (directrice générale d'Embuild Vlaanderen) et Jos Leyssens (président de l'Ordre des architectes) pour une double interview au cours de laquelle ils ont partagé leurs points de vue sur les principales tendances, le rôle des pouvoirs publics et les moyens par lesquels les acteurs du secteur de la construction peuvent coopérer afin de se soutenir mutuellement et de promouvoir l'innovation.
Quelles sont, selon vous, les principales évolutions dans le secteur de la construction ?
Caroline Deiteren : « Aujourd'hui, on constate que la rénovation et l'efficacité énergétique sont clairement au cœur des préoccupations. La transition vers des bâtiments n'utilisant pas d'énergie fossile doit encore être accélérée pour atteindre nos objectifs, notamment le label PEB A pour tous les bâtiments, d'ici à 2050. Malheureusement, le marché accuse encore un certain retard dans ce domaine. On observe également des tendances comme l'industrialisation et la construction hors site, qui conduisent à une utilisation plus efficace des matériaux et à des processus plus rapides. La circularité et la construction biosourcée gagnent également du terrain. En mars, nous lancerons donc une charte émanant d'Embuild Vlaanderen afin d'encourager davantage ces méthodes de construction durable ».
Jos Leyssens : « La durabilité est un concept global que l'on réduit souvent à l'efficacité énergétique. Mais ce concept englobe bien d'autres choses, comme la circularité. Les architectes abordent de plus en plus les bâtiments sous l'angle du cycle de vie : de la conception à la démolition et à la réutilisation. Dans ce contexte, la technologie revêt une importance cruciale. Des innovations comme la construction modulaire réduisent les déchets et rendent les processus plus efficaces. Mais cela exige notamment de disposer de données et connaissances plus précises afin d'optimiser les matériaux et les techniques ».
Comment la collaboration entre entrepreneurs et architectes peut-elle stimuler l'innovation ?
C.D : « Des initiatives comme Flanders Build, dans lesquelles les organisations professionnelles collaborent avec les pouvoirs publics pour poursuivre des objectifs sociaux, sont essentielles. Le développement d'innovations en matière de logements abordables, d'adaptation au climat et de rénovation durable nécessite un effort conjoint de la part de l'ensemble de la chaîne de la construction. Ce n'est qu'en travaillant ensemble que nous pourrons progresser ».
J.L : « Je crois fermement à l'approche de projets en bouwteams, au sein desquelles toutes les connaissances et compétences sont rassemblées. En travaillant ensemble dès la phase de conception, nous pouvons mieux répondre aux exigences de prix, de qualité et de facilité d'utilisation. Une telle approche intégrée ne renforce pas seulement le secteur, mais aboutit également à de meilleurs résultats pour le consommateur ».
Quel rôle jouent les pouvoirs publics dans la promotion de la durabilité ?
J.L : « Les pouvoirs publics sont essentiels, mais malheureusement, la politique d'octroi de permis n'est pas suffisamment durable à l'heure actuelle. Cela entraîne des retards et des surcoûts inutiles. Une politique plus efficace offrirait une plus grande sécurité sur le plan juridique aux consommateurs et permettrait d'éviter la multiplication des efforts. En outre, les mesures incitatives comme la réduction de la TVA pour la reconstruction devraient être mieux exploitées ».
C.D : « Les pouvoirs publics peuvent aider en soutenant le développement à grande échelle d'innovations durables assorties de business models appropriés. La Flandre compte déjà dans ses rangs des précurseurs en matière de construction circulaire et biosourcée. Il s'agit maintenant de mettre en œuvre ces techniques à plus grande échelle et de créer des marchés qui encouragent la durabilité ».
Comment pensez-vous de l'annonce récente de la ministre flamande Melissa Depraetere concernant la mise en place d'un accompagnement gratuit pour les travaux de rénovation ?
J.L : « La rénovation est un énorme défi. Les ambitions pour 2050 sont louables, mais les ressources, le temps et la main-d'œuvre manquent pour les réaliser pleinement. Malheureusement, cet accompagnement gratuit pour la rénovation donne une image trompeuse de la situation. La rénovation est un processus complexe qui ne doit pas être sous-estimé. C'est pourquoi il est important que les pouvoirs publics restent réalistes et investissent dans des mesures incitatives qui soutiennent des modèles économiques viables. Selon nous, les mieux placés pour mener des projets de rénovation sont donc les architectes. Ils sont déjà des experts indépendants et très compétents en la matière. Le gouvernement devrait donc simplement les laisser jouer ce rôle, voire les encourager à le faire. Enfin, la planification générale, ou le master planning en anglais, dans l'approche de la rénovation est également essentielle pour éviter des pertes financières par la suite ».
C.D : « Nous saluons cette initiative car elle renforce les services d'accompagnement déjà en place. Ces conseils indépendants constituent une véritable avancée, surtout pour les immeubles d'habitation. Pourtant, les gens continuent souvent à considérer la rénovation comme étant une dépense, alors que les avantages à long terme, notamment les économies d'énergie et l'amélioration de la qualité et du confort de vie restent sous-estimés. Les capitaux privés doivent être mieux utilisés et, dans ce sens, nous considérons ces services d'accompagnement comme un outil supplémentaire pour faire avancer les choses ».
Comment voyez-vous l'avenir du secteur de la construction ?
C.D : « La Flandre doit conserver son statut de précurseur en matière de circularité et d'industrialisation. Si nous restons immobiles, nous courons le risque d'être supplantés par des concurrents internationaux. La rénovation, la standardisation et la construction biosourcée constituent des impératifs économiques que nous ne devons pas perdre de vue ».
J.L : « Je vois un avenir où la construction modulaire et adaptative occupe une place centrale. Des bâtiments scolaires qui peuvent ensuite être transformés en bâtiments résidentiels constituent un exemple parlant. Mais cela nécessite une approche du cycle de vie qui prenne en compte la flexibilité et le réemploi, de la conception à la démolition. Nous assistons également à l'émergence d'un nombre incroyable de start-ups intéressantes et de nouvelles technologies orientées vers la construction. Lors du salon Futurebuild, ces entreprises auront l'occasion de se présenter aux professionnels de la construction, qui pourront aussi y découvrir ces innovations technologiques prometteuses ».
Vous souhaitez découvrir les innovations et les solutions les plus durables dans le secteur de la construction ? Rendez-vous à Futurebuild Belgium, les 5 et 6 février à Brussels Expo !