Dans le Limbourg, sur l’A2 au niveau d’Elsloo, vous apercevrez, dans le Business Park Stein, un bâtiment architectural qui surpasse les autres constructions banales, caractéristiques des zonings industriels. Ce bâtiment monumental abrite l’une des blanchisseries industrielles les plus modernes d’Europe : Nedlin. Cette blanchisserie, fondée en 1952 à Hoensbroek par Jeu de Win, est devenue, de par sa croissance organique, une blanchisserie active dans les secteurs de l’hôtellerie, des soins de santé et de l’industrie à Elsloo et Hoensbroek. Nedlin génère aujourd’hui un chiffre d’affaires annuel de 55 millions d’euros, emploie 420 personnes et traite 750 000 kilos de linge par semaine.
L’entreprise familiale a repris la blanchisserie à Elsloo à la fin du vingtième siècle. Elle n’occupait alors même pas un tiers de sa superficie actuelle. La croissance a été progressive au fil des ans, et le bâtiment a été agrandi plusieurs fois jusqu’aux limites de sa capacité. Plusieurs parcelles aux alentours ont été achetées de manière stratégique. Nedlin, la dénomination de l’entreprise, s’est appliqué dès 2016 aux trois segments. En 2018, les premières idées d’une toute nouvelle blanchisserie dédiée aux soins de santé ont germé. Le bâtiment existant à Elsloo allait donc se consacrer entièrement au secteur hôtelier.
C’est alors que des discussions avec plusieurs bureaux d’architecte ont commencé. Il s’agissait exclusivement d’architectes locaux, pour garder des lignes courtes. Ce n’étaient également que de gros bureaux, afin que Nedlin ne doive s’occuper de rien ou presque. Les grandes ambitions de Nedlin en matière de durabilité imposaient en outre une expérience, dans le chef des bureaux d’architecte en lice, avec les projets durables BREEAM. Le choix s’est en fin de compte porté sur le bureau Architecten aan de Maas, de Maastricht. Ce bureau était principalement réputé auprès de clients de Nedlin, pour lesquels ces architectes avaient conçus des hôpitaux, dont certains étaient des projets BREEAM.
La nouvelle construction portait sur un bâtiment abritant une blanchisserie automatisée, un centre logistique, un espace de stockage et des bureaux. Ce bâtiment devait être au service du processus. En effet, le processus était existant, il fallait « juste » construire un bâtiment autour. « En théorie, cette mission n’avait rien de bien compliqué », explique Han Westelaken, architecte chez Architecten aan de Maas. « Nous avons conçu des hôpitaux complexes, intégrant toutes sortes de relations logistiques et des appareils de haute technologie. Il s’agit donc, à cet égard, un bâtiment assez « simple ». Et pourtant, il ne manquait pas de complexité. Il fallait en effet imaginer un bâtiment énorme, dont chaque mètre carré serait mis à profit. »
« Quand je passe dans des zonings industriels, je ne trouve pas cela très joli... Alors quand on m’a demandé de concevoir cette boîte... J’ai vraiment ressenti le besoin d’en faire quelque chose de spécial. Heureusement, je me suis rapidement très bien entendu avec les frères De Win, qui sont très engagés sur le plan culturel. Avec eux, j’étais à la bonne adresse. » En raison de l’ampleur du bâtiment, le plan d’affectation devait être modifié. Le bâtiment fait 144 mètres de long pour 75 mètres de large, nous dépassions donc le pourcentage constructible de la parcelle de 10 %. Et la hauteur nécessaire de 16 mètres s’écartait des 12 mètres autorisés par le plan d’affectation. Toutefois, le projet a plu à l’administration communale lors de sa première présentation, et nous avons pu collaborer de manière constructive avec l’urbanisme et la commission d’aménagement urbain pour réaliser les plans. « La gestion des terrains industriels est un thème d’actualité. Que pouvons-nous par exemple faire pour lutter contre la prolifération d’entrepôts rectangulaires aux Pays-Bas ? Ce bâtiment montre qu’il est possible de faire autrement.
Luuk de Win, directeur de Nedlin : « Intérieur et extérieur doivent se correspondre. Il faut une connexion. La façon dont ce bâtiment a été construit, l’intemporalité des matériaux utilisés, les couleurs et l’allure : dans 30 ans, ce bâtiment se démarquera toujours des constructions classiques dans les zonings industriels. Je pense qu’il s’agit d’une œuvre d’art particulièrement bien réussie. »
Pour parvenir à un projet de qualité, un architecte doit s’intéresser de très près au donneur d’ordre. Quant au père et au fils De Win ainsi qu’à Björn Frijns, directeur des affaires techniques, ils étaient très impliqués dans le processus de conception, mais aussi au niveau du contenu, car ils approfondissaient pour ainsi dire tous les détails. C’était très constructif pour l’architecte, qui avait en face de lui des gens qui parlaient sa langue. Chaque détail était soigneusement développé lors des réunions de chantier hebdomadaires.
Il était important que l’espace intérieur de la blanchisserie puisse être librement divisé. L’architecte a pour cela utilisé de très lourdes colonnes et de hautes poutres. Il est très rare de voir de grandes portées de 17 mètres, en raison de leur coût très élevé. Cette structure a été imaginée pour réaliser des portées gigantesques, nécessaires dans l’espace pour pouvoir y installer le parc de machines très complexes. La hauteur appliquée était nécessaire en raison des énormes sacs de linge qui sillonnent la blanchisserie sur des rails, mais aussi et surtout en raison des pas moins de 33 000 plateaux de linge propres stockés de façon entièrement automatisée avant le retour chez le client.
L’architecte a consacré une grande attention à la qualité de l’enveloppe du bâtiment. Avec les 96 colonnes en béton coulées d’une pièce, de 16 mètres de haut pour 1,1 mètre de large, contribuent indéniablement à la monumentalité de ce bâtiment. Avec le soin particulier apporté à la façade avant découpée. Avec des plaques de verre hautes de 6 mètres, la plus grande hauteur possible. Avec une plinthe en béton « flottante » à la base de tout le bâtiment, qui lui donne l’impression de planer au-dessus du sol. Sans parler du temps consacré aux différentes largeurs de carrelages de façade, à la répartition des couleurs et surtout à la conception de la fixation des carrelages sur la façade extérieure. Les carrelages Terra Tone 206 de Mosa se déclinent en trois nuances de gris, ce qui permet de belles nuances sur la façade. Un grand geste, assurément.
La commission d’aménagement urbain a même comparé le bâtiment, à un moment donné, à une cathédrale. Han Westelaken : « Si c’est pour concevoir quelque chose de grand, autant imaginer quelque chose d’imposant, qui fascine et surprend. À cet égard, les carrelages Mosa jouent un rôle majeur. J’ai conçu chaque face séparément, et judicieusement positionné chaque carrelage. Pour moi, ce fut un véritable processus méditatif. Et je voulais qu’il en soit de même pour le passant lambda. Si vous me permettez de laisser ma modestie de côté, je pense que j’ai réussi. Le format standard des carrelages est de 60 x 120 centimètres. Ils ont donc été découpés en bandes conformément aux plans pour chaque face. »
Les processus de conception vont de pair avec l’abandon de certaines choses, le retour d’autres et l’arrivée de nouvelles, souvent de façon bénéfique. Le premier projet pour la façade impliquait des briquées collées, un produit novateur. Il n’a toutefois pas été retenu pour des raisons techniques, et deux revêtements de façade alternatifs ont alors été envisagés. Les carrelages Mosa cochaient toutes les cases. Les jolis carrelages Terra Tones avaient déjà fait leurs preuves et avaient en outre une certification C2C Gold. Ces carrelages céramiques sont fixés de manière démontable sur une construction de façade et sont donc réutilisables. Han Westelaken : « Mieux encore, ces carrelages ont permis à ce projet en particulier d’obtenir la plus haute distinction BREEAM, la certification Outstanding (exceptionnel). »
Après le grand-père Jeu et le père Erik, les frères Stef et Luuk sont la troisième génération de De Win aux commandes de l’entreprise familiale. C’est pour Nedlin une évidence d’investir dans l’avenir en permanence, en tenant compte des défis de notre époque. Il y a plusieurs années, l’entreprise avait déjà établi un programme de durabilité qui examinait toutes ses composantes. C’est pourquoi avec cette nouvelle construction, il a été décidé de tout mettre en œuvre pour la rendre aussi durable que possible, avec pour objectif d’obtenir une certification BREEAM. Wilco Smits, expert et évaluateur BREAAM de chez Lois Adviesbureau, a conseillé Nedlin et Architecten aan de Maas avant et pendant la construction. Cette collaboration a permis l’obtention du certificat BREAAM avec le meilleur score final possible : Outstanding. Le bâtiment de Nedlin a en effet obtenu 92,7 points, ce qui constitue le meilleur score dans le secteur de l’industrie.
Une certification BREAAM se compose d’une certification de la conception et de l’exécution. La première permet d’obtenir des crédits pris en compte par l’architecte dans le processus de conception. L’exécution doit elle aussi respecter une foule d’exigences. Pour Nedlin, cela portait sur des flux de déchets séparés sur chantier, l’utilisation de béton recyclés pour les fondations, des panneaux solaires en toiture et les carrelages durables de Mosa en façade. Cela allait même plus loin, avec l’affichage d’un règlement OV à l’entrée, un parking à vélos et tout un paragraphe écologique sur le terrain : Hôtel à insectes, zones de nidification pour les martres et les hérissons, des sites de nidification en façade pour les faucons crécerelle et les chauves-souris, prairie fleurie et système perfectionné d’infiltration dans le sol pour les eaux pluviales hors toiture.