Ce jeudi 19 mars 2015 se tenait à Affligem un colloque bilingue sur le thème "La sécurité incendie dans la rénovation - défis et solutions", organisé par la PFPA (Passive fire protection association). Au travers de 6 exposés très différents, les participants ont pu en apprendre davantage sur les normes à respecter (les normes de base en matière de prévention incendie ne s'appliquant pas toujours à la rénovation), la méthodolgie à appliquer, la résistance au feu de certains matériaux comme l'acier le bois et le cas particulier de restauration de bâtiments (en partie) classés.
La prévention incendie est un sujet sérieux, voire grave, car des vies humaines sont en jeu. C'est sans doute pour cette raison que les organisateurs avaient fait appel à l'humoriste Bert Kruismans pour modérer le colloque.
Le premier intervenant, le colonel Pierre Bocca, Chef de Service SRI Namur, a fait part de la vision et l'expérience du Service Incendie en commençant par rappeler ce que sont les normes de base et leur champ d'application. Sa zone Namur-Andenne-Gembloux Eghezée a été amenée à traiter 1100 dossiers de prévention incendie en 2014, dont environ 90% portaient sur la rénovation de bâtiments existants (pour lesquels les normes de base ne sont pas d'application), en toute grande partie de logement. Il a décrit les solutions techniques préconisées en matière de prévention passive comme la pose de plafonds suspendus, le placement de portes coupe-feu, la protection des escaliers en bois... En l'absence de solution technique, il faut activer la rotection active (détection) mais celle-ci ne vaut évidemment qu'en présence de mesures de protection passive comme des voies d'évacuation. Une autre mesure de prévention active, préconisée mais encore mal acceptée, est le sprinklage résidentiel.
Patrick Van den Bossche, du Centre Technique de l'Industrie du Bois (CTIB), a présenté un exposé sur la résistance au feu des constructions en bois en montrant qu'elle était simple à calculer étant donné la vitesse de carbonisation constante du bois. Par ailleurs, la section restante (non carbonisée) aurait une résistance 4 fois inférieure à celle de la section avant incendie. Et d'indiquer la largeur minimale requise pour obtenir une résistance au feu suffisante. En fonction du type de bois (feuillus, résineux, lamellé collé), on peut ainsi atteindre la résistance souhaitée en surdimensionnant.
Catheline Metdepenninghen et Rob Buelens, de l'Institut du Patrimoine immobilier du Service publique flamand ont expliqué leur travail portant sur l'amélioration de la sécurité incendie dans les bâtiments appartenant au patrimoine architectural, essentiellement des églises. S'agissant de monuments avec une architecture typée, il est selon eux utopique de vouloir y installer des dispositifs de prévention passive. Il s'agit donc davantage de prévention active et de lutte contre l'incendie.
Koen Michielsen, Technical Manager chez Infosteel, a ensuite développé le cas de rénovation de bâtiments des éléments structuraux en acier, à partir de deux exemples concrets. Dans le premier exemple, celui d'un hangar agricole devenu un showroom d'une marque d'automobiles de luxe, la charpente métallique en treillis typait le bâtiment. La cacher en installant un plafond résistant au feu aurait fait disparaître ce côté estthétique. La solution fut de renforcer la charpente. Dans l'autre cas, le siège de Natuurpunt à Malines, le bâtiment d'origine était caractérisé par des colonnes massives en acier fondu. Totalement surdimensionnées, elles présentaient une massivité conforme aux exigences de résistance au feu. On a donc pu se contenter d'apporter une protection supplémentaire en appliquant une peinture intumescente. Koen Michielsen a conclu son intervention en renvoyant l'assistance aux nomogrammes téléchargeables sur le site d'Infosteel.
Laurence Hendrickx, Architecte chez A2RC, a présenté la rénovation, restauration, modernisation et extension de l'Opéra Royal de Wallonie à Liège, projet achevé en 2012. Un cas mêlant surélévation sur un bâtiment existant (rehausse par structure métallique pour sa légèreté) et rénovation des parties patrimoniales (confiées au bureau Origin). Les statistiques montrant que 80% des départs de feu dans pareil bâtiment venaient de la scène, l'un des dispositifs principaux de prévention passive est le rideau de fer (+ silicate) séparant la scène de la salle. Des locaux à risques (comme la régie technique) ont été compartimentés. Pour les patries patrimoniales, il a fallu faire les meilleurs compromis possibles, avec beaucoup de décisions prises au cas par cas sur le chantier.
Enfin, le Major Dieter Brants, des pompiers de Louvain, a présenté une approche basée sur la performance, appliquée au cas l'Abdij van Park à Heverlee, une abbaye datant du XIIe siècle. Ces bâtiments accueilleront prochainement de nouvelles fonctions (cuisine, musées, logements étudiants, bureaux, ...) et une rénovation est en cours. La méthodologie employée vient de Nouvelle-Zélande. A partir de différents scénarios et au moyen de calculs, on peut vérifier que le design prévu répond bien aux critères de performance.