L’ATTB, l'association belge des fournisseurs de matériel de chauffage en Belgique, constate que le remplacement des anciennes chaudières se déroule encore trop lentement avec pour conséquence que l’émission de CO2 par nos habitations reste élevée. Ce constat est d’autant plus navrant que la problématique du climat est vraiment d’actualité avec la stratégie de la Commission Européenne de neutralité carbone à l’horizon 2050, la marche pour le climat à Bruxelles, la conférence climatique COP24 à Katowice… Il est grand temps que les autorités interviennent pour accélérer le remplacement des vieilles chaudières. Quant aux nouvelles technologies qui offrent d’intéressantes possibilités, une vision politique claire s’impose, ainsi qu’un calendrier définitif. En effet, l’ajournement continuel de la prise de décisions importantes telles que la sortie du nucléaire, a auprès du grand public un effet contraire sur sa volonté d’investir.
2018 : une légère croissance, mais pas de véritable migration vers des appareils économiques
Dans notre pays, la vente d’installations de chauffage suit les mêmes tendances depuis quelques années : on constate une légère croissance, une baisse de la vente des chaudières au mazout et une augmentation des chaudières murales au gaz. La vente des pompes à chaleur et chauffe-eau géothermiques est en légère croissance mais leur part du marché est encore et toujours très faible.
L’attention, même de la part des autorités, étant plutôt orientée vers les applications photovoltaïques, la vente de collecteurs solaires thermiques (chauffe-eau solaires) n’est pas vraiment encouragée. D’autre part, l’évaluation des chauffe-eau solaires dans le calcul PEB n’est pas correcte et cette option est donc reléguée au second plan. Le secteur s’engage à investir davantage dans la promotion des applications solaires thermiques et de convaincre le public de leurs avantages.
Si l’ATTB n’est pas mécontente, elle doit à nouveau constater qu’on ne peut pas encore parler d’une véritable transition vers davantage d’appareils économiques et d’énergies renouvelables. Quelque 60% de nos compatriotes se chauffent encore toujours avec des chaudières au mazout ou au gaz de l’ancienne génération ! Il est temps que les autorités interviennent. L’attribution d’une prime aux chauffe-eau depuis le 1er janvier est déjà un pas dans la bonne direction. Des primes existent déjà pour les pompes à chaleur et les chauffe-eau solaires.
Les autos polluantes sont déjà bannies de la ville. A quand le tour des installations de chauffage polluantes ?
Si la Belgique veut atteindre les objectifs climatiques de 2020, 2030 et 2050, notre pays devra encore faire un gros effort. Le remplacement accéléré et à grande échelle de près de deux millions de vieilles chaudières par des chaudières à condensation ou des pompes à chaleur réduirait suffisamment l’émission de carbone pour répondre aux exigences européennes.
Il incombe aux autorités de prendre rapidement des mesures d’activation et de stimulation. Peut-être faut-il d’une part prévoir des subventions pour stimuler le remplacement des anciennes chaudières (déjà possible pour les poêles à bois) mais peut-être est-il possible, d’autre part, d’inciter les particuliers et les entreprises d’une manière plus contraignante à remplacer les anciennes chaufferies.
En vue d’améliorer la qualité de l’air dans nos villes, des initiatives sont prises depuis plusieurs années afin d’instaurer des zones à faible émission en limitant ou interdisant l’accès aux voitures polluantes. Pourquoi un système semblable ne pourrait-il pas être mis sur pied pour bannir les installations de chauffage polluantes ? Cela ne doit pas se faire du jour au lendemain, mais on pourrait commencer par étiqueter le parc de chaudières (comme c’est déjà le cas en Allemagne). Cette opération n’est pas tellement difficile et semble un moyen très efficace de sensibiliser les propriétaires et les locataires. Plus tard, le remplacement des chaudières de plus de 15 ou 20 an pourrait être rendu obligatoire de manière à éliminer, à court ou moyen terme, toutes les chaudières à faible rendement énergétique.
L’ATTB demande une vision à long terme, un calendrier concret et une décision définitive au sujet de la sortie du nucléaire
Aussi longtemps que les responsables politiques continuent à remettre en question la fermeture des centrales nucléaires, les entreprises et consommateurs hésiteront à investir dans des alternatives durables. L’ATTB demande par conséquent qu’une décision définitive en ce qui concerne la sortie du nucléaire soit prise rapidement.
Le secteur du chauffage demande une vision à long terme sur la transition énergétique à l’horizon 2030 et 2050 et une communication plus cohérente à ce sujet, sans que cela ne perturbe le marché.
L’ATTB demande aussi qu’une plus grande attention soit accordée aux investissements dans la production d’énergie centralisée comme la cogénération et la technologie des piles à combustible. Dans le cadre de la transition énergétique et de l’augmentation des prix de l’énergie, la production de chaleur centralisée gagne en importance. La cogénération pour sa part fournit déjà 20% de la production d’électricité dans notre pays mais dispose encore d’un potentiel considérable pour davantage d’installations tant sur le marché résidentiel que celui des grands immeubles.
L’ATTB souhaite également que clarté soit faite en ce qui concerne la vision de nos autorités en matière de biomasse. Ces installations sont-elles encore considérées comme de l’énergie renouvelable ou plutôt comme des installations polluantes ? N’est-il pas souhaitable de faire une distinction entre les grandes installations industrielles et les petites installations (de poêles à bois) ?
En 2017, le gouvernement proposait un tax shift vert : en augmentant les taxes sur les combustibles fossiles et en baissant celles sur l’électricité, la consommation de cette dernière devait devenir plus intéressante. Mais que constatons-nous en 2018 ? L’électricité coûte 5,7 fois plus que le gaz ! Nous sommes ainsi le pays où l’électricité est la plus chère. L’ATTB insiste donc auprès des autorités pour que l’idée du tax shift vert soit réellement concrétisée.
Enfin, après les élections de mai 2019, la sortie du nucléaire en 2025 et la problématique du climat seront sans aucun doute des points de discussion importants au niveau des négociations gouvernementales. L’ATTB souhaite mettre son expertise à disposition et contribuer à la discussion en ce qui concerne ces défis importants.