La mise en valeur des anciennes brasseries Belle-Vue à Bruxelles fait partie d’un projet de rénovation urbaine durable visant à revitaliser ce site industriel renommé, mais sur le déclin, implanté en bordure du Canal. Restaurée selon des normes basse énergie, l’ancienne malterie abrite diverses fonctions, dont une école hôtelière, un hammam et un restaurant. Cet ensemble est en outre flanqué d’une tour passive neuve qui abrite 29 chambres d’hôtel trois étoiles. Un hôtel ciblant une clientèle jeune et un immeuble à appartements ont également été érigés sur le site.
Ouvertures
L’architecture de la malterie rénovée et de la tour d’angle apporte des réponses élégantes et délicates aux défis posés par le site et par le schéma directeur. La façade continue en briques de la brasserie dressait le long du Canal une barrière aveugle qui obstruait la vue sur le quartier situé derrière. De plus, en raison des ouvertures réduites – communes dans les bâtiments industriels –, les volumes intérieurs étaient trop sombres pour leurs nouvelles fonctions d’accueil. Ces problèmes ont été résolus en perçant d’avant en arrière, dans les deux sections médianes de la façade et dans une partie de la toiture, deux failles qui ouvrent le site vers l’extérieur, y compris sur le jardin public envisagé à l’arrière, et qui inondent de lumière naturelle les espaces au cœur du bâtiment. La démarcation entre les structures neuves et anciennes – articulée par une suite de terrasses en creux sur la façade – aide à briser la masse monolithique de la maçonnerie de briques.
Hôtel passif comme figure de proue du quartier
La préservation de l’identité industrielle de la brasserie était un aspect important de sa reconversion. « Le nouveau bâtiment devait engager le dialogue avec le passé tout en utilisant un vocabulaire contemporain », explique Florence Hoffmann, de L’Escaut. « Nous voulions un résultat qui contrasterait avec le bâtiment existant sans pour autant entrer en compétition avec lui. » Bâti selon les normes de l’habitat passif, l’hôtel de six étages se dresse à l’angle du site, sur une assise trapézoïdale compacte. Reconnaissable à sa teinte claire, sa façade en fait une figure de proue du quartier. Composée de multiples fenêtres et de panneaux Rockpanel, elle compose un ensemble vivant qui fait magnifiquement écho au site. Basée sur des panneaux larges de 600 mm, la trame surdimensionnée rappelle la modularité des parois de brique et de pierre du Canal. Imaginé par l’artiste Michel Leonardi, le mariage de couleurs assortit de subtiles nuances de gris qui renvoient à la tour d’habitation en béton des années 1960 à l’arrière, et accentuent le cachet ancien de la maçonnerie de pierre en bordure du canal, les terrasses étant soulignées par des traits rouge vif. Les trois gris NCS ont été appliqués sur des panneaux Rockpanel Ply. Un choix justifié par la possibilité de les peindre dans n’importe quel coloris. « La combinaison chromatique devait affirmer clairement l’aspect contemporain du nouveau bâtiment et marquer sa présence au sommet du site en tant que signal urbain fort », observe Michel Leonardi. « L’idée était aussi de créer une ‘peau’ qui varie subtilement en fonction de la lumière naturelle ; elle paraît blanche et ne doit pas être criarde compte tenu de l’orientation du site. Le choix du matériau de la façade s’est avéré judicieux : la possibilité de ‘peindre’ les panneaux a permis de réaliser une infinité de nuances si bien que les couleurs perçues changent constamment selon l’angle de vue et l’éclairage naturel. » Outre la personnalisation, le matériau des panneaux Rockpanel favorise la réalisation des grandes ambitions du projet en matière de durabilité. En 2011, ce dernier a d’ailleurs été lauréat de l’appel à projets de construction durable BatEx (Bâtiments Exemplaires). Florence Hoffmann : « J’aime l’aspect mat de ROCKPANEL qui fait que la façade n’a pas l’air d’être en plastique ou artificielle. C’est aussi un produit économique et standardisé ; notre architecture emploie souvent des produits standard pour les réinterpréter, ce qui nous permet de créer une esthétique sensible aux éléments uniques de son cadre. »