On manque cruellement de spécialistes de la lumière !

Un bon éclairage doit partir d’un plan clair et correct. Mais réfléchit-on suffisamment en réalisant ce plan? L’expertise fait parfois défaut, regrettent les membres du panel ‘éclairage’ réuni fin novembre par intsite.be et architectura.be. « On jongle trop souvent avec des plans d’éclairage gratuits et non professionnels », estiment-ils.​

 

Un problème que Catherine Lootens (KU Leuven et Groen Licht Vlaanderen) voit revenir très souvent est que l’éclairage est pris en considération trop tard dans le processus de construction. « Les gens sont souvent conscients que l’éclairage doit être pris en compte. Mais en fin de processus, on dit alors qu’il n’y a plus de budget et personne ne semble avoir d’idées claires sur ce que l’on pourrait faire avec l’éclairage. Parfois, heureusement, nous voyons que l’installateur fonctionne comme un prescripteur et obtient quasiment toute liberté à ce sujet. Il est vraiment important d’y penser dès le début. »

 

Hanna Meskens (M-INT) : « Nous essayons toujours de partir d’un plan d’éclairage général global et d’une vision claire. Pourtant, la plupart du temps, nous ne pouvons pas aller assez loin. Dans les petits projets, vous êtes lié par un budget strict. On peut ainsi réaliser pas mal de choses en terme de contrôle d’éclairage, mais généralement nous n’y arrivons pas. »

 

Responsabilité et fierté

De plus, un plan d’éclairage n’est pas l’autre, explique Kristof Vlaemynck (Bureau d’études Boydens) : « Trop de gens qui se disent spécialistes de la lumière, mais qui sont en fait de purs vendeurs de solutions d’éclairage. Il y a un besoin urgent de personnes bien formées et ayant une vision claire de la lumière. Je vois apparaître de nombreuses études gratuites sur la lumière, mais qui comportent peu de responsabilité ou de fierté de résultats obtenus. Si, en tant que bureau d’études, nous préparons une étude sur la lumière, nous devons être en mesure de garantir que la réalité sera conforme à ce que nous promettons. »

Catherine Lootens est d’accord avec lui : « Nous avons un certain nombre de véritables spécialistes concernant l’éclairage extérieur des villes, mais l’expertise fait défaut en ce qui concerne l’éclairage intérieur. »

 

Séparer la vente et le conseil

Dans les grands magasins, vendre des produits et donner des conseils sont vus comme deux domaines distincts, explique Harold Demaeght (Light Consult) : « Par le passé, il fallait davantage de marge, mais aujourd’hui on comprend qu’il faut investir davantage de temps dans la délivrance d’un conseil d’expert. Lorsque les clients ne savent pas immédiatement ce dont ils ont besoin, il est bon qu’ils demandent des conseils professionnels. »

« Il n’y a actuellement aucune école où ce domaine est correctement enseigné. La spécialisation en éclairage est traitée comme le parent pauvre », regrette Filip Staelens (Orbit Lighting). « De plus, le Belge moyen préfère dépenser de l’argent pour aménager son jardin plutôt que planifier l’éclairage de son habitation. C’est pourquoi on utilise trop souvent des plans d’éclairage gratuits. »

Yves Marginet (XAL / Wever & Ducré) : « Dans le cahier des charges, nous voyons souvent que ce sont souvent des choses désuètes qui sont décrites et que ces descriptions sont tout simplement incorrectes. Vous remarquez immédiatement si la personne qui a rédigé le cahier des charges le comprend ou pas. Un certain nombre d’études sur la lumière sont en fait un travail à la chaîne. »

 

Design ou fonctionnalité ?

Les fabricants d’éclairage ont également une fonction consultative importante. Doivent-ils se concentrer sur le design, ou plutôt mettre l’accent sur la fonctionnalité de leurs produits ? La question soulève des doutes. « Le design ouvre à davantage de rêves», déclare Filip Staelens. Pour Kristof Vlaemynck, la réponse dépend du groupe cible visé par le fabricant : « Se focalise-t-il sur des applications résidentielles, des bureaux haut de gamme ou le secteur industriel ? Peu de marques peuvent servir la gamme complète des secteurs. »

Communiquer sur la fonctionnalité n’est pas facile. Filip Staelens : «En raison de la ‘ledification’, la complexité a considérablement augmenté. Au bout de quelques mois, on assiste à une mise à niveau de l’efficacité, de consistance des couleurs,... C’est pourquoi les catalogues traditionnels sont dépassés. Nous évoluons vers des supports numériques qui peuvent être ajustés en temps réel. » « Les fiches techniques sont indispensables », explique Harold Demaeght, « car elles permettent de voir immédiatement en quoi consiste le produit, et le client ne perd pas de temps à demander des informations supplémentaires. »

Jan Van Riel (Trilux) : « La lumière a deux composantes architecturales. Le premier aspect est 'Que fait la lumière dans cet espace ?' et le second 'A quoi ressemble le luminaire ?' Ces deux questions sont importantes et nous, en tant que fabricants, devons y répondre. » Enfin, pour Yves Marginet, « il est de notre devoir de faire comprendre aux clients quels seront les résultats s’ils mettent en œuvre tel ou tel type d’éclairage dans leur projet. »

 

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