Intégrer une protection solaire dans un projet de rénovation est une bonne idée, tant du point de vue du confort que des économies d'énergie. Celles-ci sont le résultat d'un ensemble de facteurs. Une protection solaire en fait partie; elle peut bloquer jusqu'à 95 pourcent de la chaleur entrante.
Dans le cadre de BREEAM, la protection solaire intervient donc dans la question énergétique. « Il nous faut cependant relativiser quelque peu son rôle », affirme Bram De Meester d'Arcadis. « Une protection scolaire est encore plutôt une question de confort. Son rôle est double : apporter un confort visuel et retenir la chaleur à l'extérieur. En rénovation, on tente toujours d'améliorer au moins l'un de ces deux points. Lors d'une rénovation lourde, on la met en concuurence avec d'autres interventions comme l'isolation, les châssis, etc. Si on se concentre sur la protection solaire, c'est parce qu'il existe clairement un problème de confort. »
Le problème de la surchauffe
« La problématique de l'énergie est très importante à nos yeux », explique Yves Lambert de Renson. « Nous constatons ainsi une évolution vers des étés toujours plus chauds. Il faut certainement en tenir compte lors de toute rénovation. Souvent, on constate seulement après les travaux de rénovation qu'il y a un problème de confort, au point de vue thermique ou visuel. C'est pourquoi une rénovation doit être menée méthodiquement, en plusieurs étapes. L'une d'entre elles est la protection solaire. Quand on fait des calculs pour une habitation, il faut envisager l'avenir. La surchauffe est un problème qui va aller croissant. »
Ann Van Eycken de Verozo ajoute : « On rencontre de plus en plus souvent des cas de surchauffe dans les pays du Nord et de l'Ouest de l'Europe. A des endroits que l'on ne soupçonnerait pas. Cette surchauffe n'y est pas seulement la conséquence d'un réchauffement climatique mais plutôt de la modification des méthodes de construction. Nous le constatons pas seulement en construction neuve, mais aussi en rénovation. On construit pas exemple de plus en plus étanche à l'air pour limiter les pertes de chaleur. mais cela a un effet colatéral qui a été sous-estimé. »
Protection solaire automatisée plutôt que vitrage solaire
Lors d'une rénovation, on peut aussi envisager du vitrage solaire. « Une protection solaire peut retenir à l'extérieur jusqu'à 95% de la chaleur. C'est quelque chose que le verre ne peut pas encore faire. Du vitrage solaire est en outre une solution statique, qui a un effet négatif sur le coût de chauffage en hiver. C'est la raison pour laquelle nous préférons un verre clair combiné avec une bonne protection solaire », affirme Ann Van Eycken.
« L'automatisation est importante pour ces mêmes raisons. Nous constatons que l'on souhaite souvent profiter des gains solaires en hiver, comme c'est le cas dans le projet Scholen van Morgen (PPS Ecole pour Demain). Parallèlement, on veut maintenir la chaleur à l'extérieur en période estivale pour ne pas devoir utiliser un conditionnement d'air. Un système automatisé basé sur la chaleur, le vent et le soleil offre une bonne solution dans pareil cas », selon Peter Verleyen de Somfy.
« Parfois, le client final n'est pas satisfait à l'issue de la rénovation. Il n'a pas le confort qu'il attendait, ce qui est dommage. Même si tous les calculs et les données chiffrées correspondent, si l'impression de confort n'est pas présente, la rénovation n'est pas réussie. Il faut sans doute que nous en tenions davantage compte. Si on regarde le souhait du client final, on aboutit toujours à une protection solaire dynamique. C'est à l'architecte de s'en rendre compte, et au client à bien expliquer à l'architecte ce qu'il souhaite », pour Marc Haneveer de Verano.
La protection solaire, une nécessité
« Nous constatons que les calculs sont généralement basés sur la saison de chauffe », ajoute Yves Lambert. « Une étude européenne affirme que l'énergie nécessaire pour refroidir le bâtiment va augmenter de 72% les 15 prochaines années. L'énergie nécessaire pour chauffer les bâtiments va quant à elle diminuer de 30%. La demande d'air conditionné va augmenter. C'est également la perception de l'utilisateur. Si nous examinons la communication des pouvoirs publics à ce sujet, il s'agit toujours de mieux isoler, de construire étanche à l'air, ... L'utilisateur qui suit ces conseils va effectivement gaspiller moins de chaleur en hiver. Mais, en touchant à l'enveloppe du bâtiment, il ne se rend pas compte qu'en été, la chaleur ne peut pas non plus s'échapper, et qu'il lui faudra en conséquence refroidir son bâtiment. Une protection solaire est trop souvent considérée comme un luxe. Ce n'est pas du tout le cas, c'est même devenu une nécessité. »
Tensions entre parties
« Nous faisons l'expérience de tout cela au quotidien », explique Steven Martin, architecte chez B2Ai (anciennement BURO II & ARCHI +I). « C'est une source de tensions entre architecte, ingénieur et client final. Un exemple : Vous vous rendez le matin à vélo au travail et souhaitez vous réchauffer en travaillant au soleil. Mais le bâtiment ne le permet pas, sinon il sera rapidement en surchauffe. La protection solaire est donc activée. Un autre exemple : nous entendons régulièrement de la part des ingénieurs qu'il faut concevoir des bâtiments avec de plus petites fenêtres. Alors que l'utilisateur final rêve de grands vitrages et d'une abondance de lumière naturelle. Trouver ici le juste équilibre est selon moi le plus grand défi. »
Peter Verleyen conclut en nuançant le problème de l'utilisateur qui veut travailler quelques heures au soleil : « Il existe sur le marché des systèmes auxquels l'utilisateur peut déroger. Après une période prédéfinie, le système reprend la main. »