Vols et cambriolage : les clés d’une prévention efficace et rationnelle

« Relever le niveau de sécurité lorsque le mal est déjà fait, c’est une bonne chose qui arrive trop tard », explique Luc Storms, premier inspecteur de police et conseiller en prévention vol. En tant que Coordinateur des Conseillers en prévention vol de la Région Bruxelles Capitale, il dispose d’une expérience particulièrement vaste du sujet et s’implique personnellement dans les actions de prévention – en amont d’un vol ou d’un cambriolage potentiel.

Il poursuit : « La patrouille propose bien évidemment mes services aux per­sonnes et aux entreprises qui ont été affectées par de tels incidents. Mais plutôt que d’effectuer des interventions post-infractionnelles, agir préventi­ve­ment est notre véritable vocation ». À cet effet, la police belge multiplie les initiatives. Elle publie des dépliants spécifiques incluant des conseils très concrets – notamment pour les périodes de vacances – et dispose d’un site Internet dédié. Pour aller au-devant de la population, la sensibiliser et créer les conditions d’un contact personnel, elle est même présente sur les marchés par l’intermédiaire de stands d’information.

Du conseil personnalisé à l’audit complet, une approche 100 % impartiale

Luc Storms souligne : « Il est crucial d’adapter nos recommandations au profil de chaque usager, pour faire des suggestions en adéquation avec la situation, les comportements et les moyens des personnes et des entreprises. Il faut en effet que nous restions réalistes. Dans le cas d’une personne âgée, il vaut mieux miser sur des solutions simples que sur des technologies difficiles à maîtriser. Mais pour des millénniaux habitués à tout gérer depuis leur téléphone portable, la domotique offre des perspectives intéressantes. En cas d’absence, on peut notamment contrôler et programmer, depuis n’importe où dans le monde, des fonctions comme l’éclairage ou la commande des volets roulants pour donner l’impression que la maison est occupée ».

« En revanche, dans une famille ayant plusieurs enfants ou adolescents qui entrent et sortent à tout moment, certains systèmes sophistiqués ne sont guère praticables. S’il faut les amorcer et les désamorcer 10 fois par jour, il est peu probable qu’ils soient utilisés dans la pratique. D’une façon générale, nous essayons d’éviter les recommandations trop contraignantes, car elles risqueraient de demeurer inopérantes ».

Lorsqu’il est sollicité par un maître d’ouvrage ou un maître d’œuvre, le con­seiller en prévention peut intervenir dès le stade de la conception d’un bâti­ment, avec une analyse détaillée sur plan. Les conditions idéales sont alors réunies pour proposer, avec l’impartialité requise, les solu­tions les mieux adaptées, sur la base d’une « analyse de sécurité structurée et complète » selon les termes de Luc Storms.

Le rôle strictement consultatif des conseillers en prévention vol est pour lui un point essentiel : « Nous offrons une aide à la décision, sans rien imposer, sans facturer notre pres­tation et en toute indépendance. C’est évidemment une question de déontologie, mais c’est également ce qui donne toute leur valeur à nos recommandations. Nous prenons toujours en considération le retour sur investissement, c’est-à-dire le rapport coût/efficacité des diverses options. Permettez-moi de prendre un exemple : si vous vous adressez directement à un installateur de systèmes d’alarme, il ne va pas vous parler des moyens de protection mécaniques ni de l’importance des bons compor­tements – mêmes s’il s’agit là des deux facteurs préventifs les plus déter­mi­nants. Il va simple­ment, et logiquement, essayer de vous vendre son produit. Notre approche est diamétralement opposée : nous agissons exclusivement dans l’intérêt des personnes ou des entreprises qui nous sollicitent, en nous fondant sur leur profil et sur l’environnement du bien à protéger ».

Un aspect essentiel : la prise en compte de la situation et du contexte

Luc Storms revient sur ce dernier point : « La présence ou l’absence d’un contrôle social efficace est un point important dans la maison individuelle. Une haie dense, en particulier de plantes épineuses, peut s’avérer dissuasive. Mais si le contrôle social est faible, il vaut mieux éviter les haies trop hautes, qui mettent les cambrioleurs à l’abri des regards. Par ailleurs, un portail solide est a priori une bonne idée. Mais il ne s’agit pas pour autant de transformer sa maison en forteresse. À vouloir trop sécuriser, on peut finir par suggérer que la maison concernée abrite des objets de grande valeur. Paradoxalement, on incite ainsi au vol ».

Dans les immeubles collectifs, les points névralgiques sont tout autres. Un problème récurrent ici : la perte de clés qui peuvent se retrouver entre les mains de personnes peu scrupuleuses. Luc Storms précise : « Dans ce type de contexte, la combinaison de systèmes d’accès électroniques ou électro­mécaniques avec des cylindres mécaniques représente une bonne solution ». Pour entrer dans l’immeuble, les utilisateurs disposent d’un badge indépen­dant de la clé donnant accès à leur logement. Chaque badge étant person­na­lisé, il est facile à désactiver instantanément en cas de perte, et il fournit en outre des indications précises sur les mouvements de son utilisateur.

Les entreprises présentent quant à elles des problèmes particuliers, ne serait-ce que parce que les auteurs de vols peuvent être tant des personnes exté­rieures que des employés. Là encore, les conseillers en prévention vol de la police sont disponibles pour apporter des éléments de réponse spécifiques.

Comportements et équipements : les points décisifs

« Lorsque nous sensibilisons le public, nous insistons sur trois aspects : les bons comportements, les moyens mécaniques et les systèmes électroniques », précise Luc Storms. « Les bons comportements ne coûtent rien – c’est leur premier mérite – et ils sont essentiels : une porte blindée dotée d’un cylindre haute sécurité ne sert à rien si elle n’est pas verrouillée ».

Il souligne cependant le rôle essentiel des moyens mécaniques conçus pour compliquer l’intrusion. « À la base, tout ce qui se ferme peut s’ouvrir. Mais le temps est le facteur décisif. Il s’agit en fait de retarder suffisamment le cam­brioleur. Un voleur fait toujours un arbitrage entre trois variables – le risque, l’effort et le bénéfice potentiel de l’intrusion. Si forcer une serrure prend plus de trois minutes, le voleur déclare généralement forfait. C’est pourquoi un cylindre et une quincaillerie de porte de qualité sont toujours à recommander. Pour rester au fait des développements les plus récents dans ce domaine, l’Aca­demy ASSA ABLOY propose un programme de formation très utile – et nous n’hésitons pas à en tirer profit ».

« Cela étant, ce n’est pas tout d’investir dans l’équipement. Il faut également éliminer tout maillon faible. Si le chambranle cède, le meilleur cylindre ne préviendra pas l’effraction. D’une façon générale, il importe que tous les ouvrants soient en bon état, depuis les soupiraux jusqu’aux lucarnes. On peut également équiper certaines fenê­tres de poignées à clé. Cela n’empêchera évidemment pas de casser une vitre. Mais le bruit est lui aussi un facteur dissuasif. Il y a certes des cas extrêmes : je me souviens d’un cambriolage par le toit, effectué en retirant les tuiles. Ce type d’intrusion reste cependant vraiment rare ».

Luc Storms enchaîne : « Nous mettons principalement l’accent sur la qualité du contrôle d’accès et des moyens mécaniques pour prévenir l’effraction. Ce n’est pas pour autant qu’une alarme est inutile. Mais elle n’empêchera per­sonne de pénétrer dans le bâtiment. Souvent, les personnes qui ont été victi­mes d’un cambriolage pensent que l’alarme est la solution qui s’impose. Je dois alors les décevoir. Les comportements et les moyens mécaniques adé­quats sont les deux points essentiels – les systèmes électroniques n’arrivent qu’en troisième position. Cela étant, il peut être utile d’indiquer la présence d’une alarme, même avec des accessoires factices. Cela évitera d’être consi­déré comme le maillon faible au sein du voisinage ».

« Notre activité est fondée sur le principe de la ‘technoprévention’ », conclut Luc Storms. « Notre mission ? Tirer le meilleur parti des connaissances, métho­­des et techniques existantes en privilégiant des moyens de prévention abordables et réalistes. Notre ambition est d’être des interlocuteurs à la fois neutres, hautement compétents et au service de la population, capables de suggérer des solutions personnalisées, efficaces et abordables. C’est dans ce contexte que s’inscrit notamment notre participation à des formations telles que celle dispensée par l’Academy ASSA ABLOY. Elles sont une excellente occa­sion d’actualiser et d’approfondir nos connaissances des systèmes et des solutions disponibles – pour conseiller ensuite au mieux les personnes qui nous consultent ».

Source: Assa Abloy
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