Voyage architectural au Sénégal : tradition et savoir-faire contemporain

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Le Sénégal est un pays bâti sur les valeurs de la teranga (hospitalité et solidarité), du jom (fierté), du fit (courage et confiance en soi) et du ngor (dignité). Comment cette identité peut-elle se traduire dans l’architecture contemporaine ? C’est une recherche au cœur de laquelle les Sénégalais se trouvent actuellement. À ce jour, le pays d’Afrique de l’Ouest ne dispose pas de formation universitaire en architecture. Les jeunes Sénégalais désireux d’étudier cette discipline doivent donc partir à l’étranger. Les grandes entreprises de construction tiennent peu ou pas compte des spécificités locales et bâtissent comme si elles se trouvaient en Europe. Les villages se couvrent de blocs de béton gris et la nouvelle ville de Diamniadio émerge de manière étrangement décalée dans le paysage africain typique. Pourtant, l’identité sénégalaise existe bel et bien et s’affirme de plus en plus. Le paysage architectural du Sénégal évolue ! Et comment !

Une nouvelle génération d’architectes

Une vague de jeunes architectes, en contact étroit les uns avec les autres, exprime chacun à sa manière son attachement, son engagement et son amour pour le pays. La plupart travaillent depuis Dakar, capitale du Sénégal depuis 1902. Cette ville vibrante, riche en architecture historique et contemporaine et en galeries d’art, est le terrain de prédilection de Carole Diop. Son parcours impressionne : architecte, curatrice, cofondatrice du magazine d’art contemporain Afrikadaa, professeure au CUAD et à l’IPP, membre de l’Ordre des Architectes, coauteure de l’ouvrage Dakar, Métamorphoses d’une Capitale. Elle organise également des balades architecturales dans Dakar.

À ses côtés, on retrouve souvent Doudou Dème, ingénieur, entrepreneur et surtout cofondateur d’ELEMENTERRE, une entreprise de construction spécialisée dans les matériaux en terre et typha, l’adobe et les blocs de terre comprimée (BTC). En commercialisant des matériaux locaux et écologiques, ELEMENTERRE veut développer et démocratiser une architecture durable. Doudou Dème collabore régulièrement avec Nzinga B. Mboup et Nicolas Rondet, fondateurs du bureau Worofila. Leur langage architectural et leur expression contemporaine reposent sur une compréhension profonde du climat, des matériaux et de la tradition.

La Casamance comme source d’inspiration

La Casamance, tropicale et verdoyante, est considérée comme le berceau de l’architecture traditionnelle. Dans cette région, certaines tribus vivent encore dans des huttes traditionnelles. On y trouve aussi des cases à impluvium : des habitations circulaires avec un toit à deux versants entourant une petite cour intérieure et un impluvium central.

Inspirés par ces modèles, deux projets architecturaux remarquables ont vu le jour à l’est de la Casamance. L’architecte Toshiko Mori y a construit une école et une résidence d’artistes en collaboration avec la Josef & Anni Albers Foundation. Fait significatif : ces projets, respectueux des traditions et du territoire, sont des initiatives occidentales, réalisées par un bureau d’architectes étranger.

Un héritage colonial

Le Sénégal a obtenu son indépendance le 20 août 1960, après des périodes de domination portugaise puis française. Cela se reflète dans l’architecture, majoritairement signée par des architectes européens. Aujourd’hui, un débat animé est en cours sur la préservation de ces bâtiments, souvent en très mauvais état. À Saint-Louis, au nord de Dakar, cette histoire est particulièrement perceptible. Ville coloniale pittoresque et port de pêche, Saint-Louis possède un riche patrimoine architectural et culturel. Son île, reliée au continent par le célèbre pont Faidherbe, a été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2000.

Un autre exemple marquant de cette époque coloniale se trouve sur la côte de Dakar : l’hôtel Ngor Diarama, construit en 1953. Son attribution reste controversée : œuvre de Le Corbusier ou de Chesneau & Verola ? Le débat continue d’animer le milieu architectural. Quoi qu’il en soit, ses appartements en duplex s’emboîtent habilement selon les principes de Le Corbusier.

Influence occidentale et contrepoids

L’indépendance n’a pas marqué le retrait total de l’Occident de la scène architecturale sénégalaise. Des architectes comme Gilles Perraudin (France) et Antoine Galand (Belgique) ont en partie installé leurs bureaux au Sénégal, notamment sur la côte ouest. Avec ses plages de sable blanc et ses écolodges, cette zone est prisée aussi bien des touristes que des architectes et maîtres d’ouvrage souhaitant construire en dehors de Dakar. DAW office (Espagne), IN SITU Architecture (France), Adriano Redondo (Espagne) et Marc Held (France) y ont également réalisé des projets. Leurs réalisations contribuent à une architecture sénégalaise digne et contemporaine, tout en apportant un contrepoids à l’influence occidentale qui tend à recouvrir le pays de béton gris.

À ne pas manquer : voyage architectural au Sénégal

Du 14 au 26 janvier 2026, planopli – organisateur de voyages culturels et architecturaux – propose un voyage au Sénégal. Plus d’informations et inscriptions possibles jusqu’au 1er octobre.

Pour toute question, vous pouvez écrire à planopli@planopli.net

Source Planopli

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