Bases de données et méthodes pour réduire l’impact environnemental des bâtiments
Afin de diminuer les émissions de CO2e, il est crucial de réduire l’impact environnemental des bâtiments, en particulier leurs émissions grises. C’est pour cela que l’industrie de la construction développe en ce moment des outils, des bases de données et des tableaux de par le monde afin de donner un état des lieux des émissions grises des bâtiments. Catherine De Wolf (PhD MIT & Researcher Cambridge) les passe pour nous en revue.
Les standards TC350 ont décrit la méthodologie souhaitable, mais il n’existe pas encore de consensus sur son implémentation dans la phase de conception. Il est pourtant essentiel de faire les bons choix de matériaux et de construction à ce stade préliminaire afin de réduire au maximum les impacts.
A l’université de Cambridge, le calcul des émissions grises dans la pratique, ainsi que les motivations et les difficultés de ce calcul, ont été évalués lors d’interviews d’experts en la matière. Deux aspects déterminent la qualité du calcul : les données et les méthodes. En ce qui concerne les données, l’industrie utilise des bases de données tel que l’Inventory of Carbon and Energy développée à l’université de Bath, EcoInvent, GaBi ou WRAP. Ces bases de données décrivent l’impact des produits, du transport, de la construction, de l’entretien, de la démolition et/ou des déchets.
Quant à la méthode, les architectes et les ingénieurs suivent les normes européennes EN15804 et EN 15978, les recommandations de l’International Reference Life Cycle Data System (ILCD), du Centrum voor Milieuwetenschappen Leiden (CML), du Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) et autres. Cependant, il est urgent de définir une uniformité et une qualité d’exécution de ces méthodes.
Afin d’obtenir aussi bien de meilleures données qu’une méthode plus transparente, les gouvernements pourraient rendre obligatoire l’Analyse de Cycle de Vie (ACV) des matériaux, des produits et des bâtiments. Aux Pays-Bas, en France, en Suède et en Allemagne, cela existe déjà. L’Australie, le Japon et les Etats-Unis ont aussi essayé d’établir l’inventaire de cycle de vie (LCI) de produits. La Commission Européenne a également pris l’initiative de récolter ces données pour les produits européens.
Le gouvernement belge a récemment fait le premier pas vers une base de données de Environmental Product Declarations (EPD). Il sera obligatoire d’y ajouter un ACV ou un EPD, pour promouvoir un produit étant ‘bio’ ou ‘environnemental’. Le Centre Scientifique et Technique de la Construction (CSTC) travaille sur la définition des Product Category Rules (PCR) pour ces déclarations. Ceci facilitera le travail des ingénieurs et des architectes afin d’évaluer l’impact environnemental de leurs bâtiments.
Terminologie
- Au lieu de faire des économies de chauffage ou d’éclairage, nous devons également réduire les émissions liées à l’extraction des matériaux, leur production et transport au chantier, la construction, l’entretien ou la démolition des bâtiments. C’est ce qu’on appelle les émissions grises, à l’opposé des émissions opérationnelles pour le chauffage, la ventilation et l’éclairage.
- CO2e et “CO2 équivalent” représentent tous les gaz à effet de serre à l’aide de leur équivalent en CO2
- L’Analyse de Cycle de Vie (ACV) est une analyse du berceau (extraction des matériaux) à la tombe (gestion des déchets) afin d’évaluer l’impact environnemental d’un produit.
- Inventaire de Cycle de Vie (ICV) est la deuxième étape de l’ACV.
- Environmental Product Declaration (EPD) est une manière standardisée de rendre compte des résultats les résultats d’un ACV.
- Product Category Rules (PCR) est une série de règles et de conditions pour une EPD dans une catégorie particulière de produits
N.B. La liste des bases de données et des méthodes dans cet article est non exhaustive. Si vous souhaitez participer aux interviews ou en ajouter à la liste, veuillez prendre contact avec l’auteur.