Catherine De Wolf : Cradle to grave
« Les discussions sur l’impact environnemental des bâtiments tournent souvent autour de l’isolation des murs extérieurs ou de panneaux solaires sur les toits. Néanmoins, afin d’obtenir une image complète de cet impact, il faut considérer le cycle de vie entier du bâtiment. », affirme Catherine De Wolf (PhD MIT & Researcher Cambridge). « Les émissions à partir de l’extraction des matériaux jusqu’au traitement des déchets de construction forment l’impact 'Cradle to Grave' : du berceau au tombeau du bâtiment. »
« Dans un monde idéal, il faudrait parler de 'Cradle to Cradle', mais commençons par le cycle de vie complet des bâtiments construits aujourd’hui.
La production des éléments de construction constitue la première étape. Cet impact 'Cradle to Gate' décrit l’extraction des matériaux, leur acheminement vers l’usine et la fabrication des produits de construction. Ces étapes sont appelées A1 à A3 dans les nouvelles normes européennes (CEN/TC350) et décrivent tout le processus du berceau jusqu’à la porte de sortie de l’usine.
L’étape suivante est la construction. L’impact 'Cradle to Site' concerne le transport des matériaux de l’usine au chantier et la construction du bâtiment même (A4 – A5). L’impact 'Cradle to Grave' compte également l’usage, la maintenance, la réparation, la rénovation, le remplacement et l’usage d’énergie et d’eau pour l’opération du bâtiment (B), ainsi que la démolition du bâtiment et le transport, le traitement et la disposition des déchets de construction (C).
L’isolation et les panneaux solaires diminuent donc uniquement l’usage de l’énergie opérationnelle (B6), mais augmentent les émissions liées à la production (A1-A3). Évidemment, il est nécessaire d’isoler nos maisons et d’utiliser les énergies renouvelables. Néanmoins, ces exemples démontrent comment le cycle de vie complet donne une représentation plus holistique de l’impact environnemental des bâtiments. Etant donné qu’il n’y a pas encore d’accord sur une méthodologie uniforme, il existe aujourd’hui le risque de l’écoblanchiment, où la quantification du CO2 est utilisée pour des fins de marketing au lieu de décisions de conception appropriées. Le défi consiste à quantifier les émissions de manière fiable.
Revenons au monde idéal, alias 'Cradle to Cradle' : d’un berceau à l’autre, les déchets d’un bâtiment obsolète deviennent la matière première pour un nouveau projet. Ce modèle, introduit par l’architecte William McDonough et le chimiste Michael Braungart, est inspiré par la nature, et veut donner aux produits, matériaux et bâtiments un cycle de vie infini : en fin de vie, les matériaux sont recyclés ou compostés. Les déchets deviennent de la nourriture. La responsabilité de créer ce monde idéal incombe aux architectes et aux ingénieurs, car ils conçoivent la nourriture des futurs chantiers de construction. »