Catherine De Wolf : « Que deviennent les stades après les Jeux ? »

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Pour les Jeux Olympiques ou la Coupe du Monde, tous les regards se tournent vers les nouveaux stades dans une nouvelle ville. Tout le monde connaît le stade de Pékin, communément appelé ‘nid d’oiseau’.  La construction des stades de football au Qatar anime le débat sur la sécurité des ouvriers. Pour Catherine De Wolf (PhD MIT & Researcher Cambridge), une question que l’on oublie généralement de poser, concerne la quantité de CO2 émise pour construire de tels projets audacieux.

« Comme mentionné dans les articles précédents, l’évaluation du ‘embodied carbon’ (c’est-à-dire les gaz à effet de serre liés à l’extraction des matériaux, au transport jusqu’au chantier et à la construction ou la démolition des bâtiments) est essentielle. C’est d’autant plus important pour des bâtiments d’une durée de vie très courte. Dans ce cas, le pourcentage du ‘embodied carbon’ dans l’impact total du cycle de vie devient conséquent. Par exemple, le stade Jaber Al Amad au Koweit n’a jamais été utilisé en raison de problèmes structuraux inattendus, ce qui fait du ‘embodied carbon’ le seul impact du cycle de vie total du stade. En revanche, un exemple plus positif est le stade olympique à Londres: une partie du stade peut être démontée et réutilisée après les Jeux.

Une étude de dix stades de par le monde (De Wolf et al., 2014) démontre que la conception de ces structures gigantesques a une influence non négligeable sur leur impact environnemental. Le stade Allianz à Munich, le stade Millennium à Cardiff, le  stade de Wembley, le stade Aviva, le stade Jaber Al Amad et les stades olympiques de Rio de Janeiro, Londres, Sydney et Pékin ont été comparés les uns aux autres. Ils ont été construits entre 2000 et 2011, varient entre 30 000 et 400 000 m2 et comptent entre 45 000 et 90 000 places assises.

L’étude démontre que les quantités de béton et d’acier oscillent entre 800 kg/m2 et 3000 kg/m2. La comparaison des stades par leur superficie en mètres carrés est cependant inéquitable pour des stades. Le stade Allianz est en effet beaucoup plus restreint que celui de Pékin pour le même nombre de spectateurs. Il est donc plus utile de calculer le poids du béton et de l’acier en fonction du nombre de places. Ceci donne une meilleure image de la fonction remplie par les stades. Les résultats varient alors entre 500 et 4000 kg par spectateur, à l’exception du stade olympique de Pékin, contenant dix fois plus de matériaux que le stade olympique de Londres.

Avec les coefficients ‘embodied carbon’ corrects, l’impact environnemental des stades peut également être calculé sur base de leurs quantités de matériaux. La tendance est similaire : le ‘embodied carbon’ du stade olympique de Pékin est dix fois plus important que celui de Londres. Ceci peut s’expliquer par la stratégie et les priorités de conception. Pour le stade de Londres, la durabilité était la priorité numéro un. Les ingénieurs ont conçu un stade partiellement démontable après les Jeux afin d’adapter la taille aux matchs nationaux. Pour le béton, des alternatives plus écologiques ont été choisies par rapport au ciment traditionnel. Ceci est la preuve que les architectes et ingénieurs ont un rôle très important à jouer pour l’environnement. »

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