Archi-militant | Un blaireau, une araignée et un rat des moissons, sinon rien
Je ne sais pas vous, mais moi, je voue une attirance particulière pour les documentaires animaliers, ces programmations d’après-midi diffusées sur les chaînes “secondaires” car regardées par un nombre infime de péquenauds de mon style. Mais mille millions de mille sabords, en fin de compte, la terre ne devrait-elle pas être peuplée de plus de péquenauds dans mon genre?
C’est avec le visionnage de “Vivre avec les loups” de Jean-Michel Bertrand, troisième volet de la trilogie après “La vallée des loups” en 2016 et “Marche avec les loups” en 2019 que je me suis auto-diagnostiqué une attirance irrépressible pour les documentaires animaliers, ce genre particulier qui trouve de moins en moins grâce aux yeux des programmateurs TV (il est loin le temps où Arlette Vincent était programmée en peak time, juste avant le JT du dimanche soir). Le loup n’est pas le seul animal qui réussit à capter toute mon attention sur le petit écran. C’est la même chose pour les écureuils, les araignées, les taupes, les rats… Même les végétaux trouvent grâce à mes yeux, bien que les reportages qui leur sont consacrés soient évidemment beaucoup plus rares…
Je me suis toujours demandé ce qui nourrissait vraiment cet intérêt particulier. En découvrant le jardin extraordinaire du dimanche 11 mai consacré aux animaux architectes, je pense avoir compris. Dans l’émission animée par Tanguy Dumortier, on a pu voir tour à tour le minuscule rat des moissons (il fait en moyenne à peine 6,5 centimètres pour un poids moyen de 8 grammes) se construire un nid douillet fait de tiges et de feuilles entremêlées et disposées afin de se prémunir des prédateurs, le fournier roux (tout petit aussi) maçonnant un nid unifamilial confortable en hauteur sans avoir fait ses classes chez Thomas & Piron, Mr blaireau affairé autour de la construction d’un véritable palais pouvant atteindre 2.000 m², soit sept fois la surface d'une maison unifamiliale! J’aurais encore pu évoquer les araignées et leur toile dont la solidité n’a aucun égal dans les matériaux de construction classiques. La soie utilisée par les arachnides affiche une résistance à la traction et à la compression oscillant entre 1.000 à 1.500 MPa. Et si l’acier parvient à se défendre (si on y met le prix) avec un MPa pouvant atteindre 2.000 MPa, le béton n’affiche lui qu’un MPa variant de 2 à 5. Au bout du compte, la toile d’araignée coiffe tout le monde au sprint avec un rapport poids/résistance inatteignable par les matériaux de construction connus. Seul le kevlar parvient à faire aussi bien.
Tout cela me ramène à une réflexion para-philosophique: si vous avez la chance de croiser un rat des moissons, un blaireau ou une araignée lors d’une balade, remettez-lui mon bonjour. Et puis, faites-vous tout petit et prenez de votre temps pour les observer. Vous gagnerez assurément en sagesse dans l’exercice de votre métier.